(Tribune publiée le 24 décembre 2016)
Le nucleus stratégique, le pivot, le centre de gravité de toute l’histoire du monde: un Enfant! Et quel enfant ? Le Créateur du monde ! L’Infini se faisant zygote, fœtus, embryon. Pour être physiologiquement interconnecté avec chaque petit être humain in sinu. Dans tous les pays, à travers latitudes et longitudes, et jusqu’à son Retour en Gloire. Donc avec toi et moi. Il a voulu sanctifier, christifier, diviniser notre gestation, notre naissance et notre enfance. Il voulu épouser, faire l’expérience personnelle et intime de chaque instant de ma croissance, de mon existence, depuis l’Instant-zéro, à l’ultime battement de cœur. Sans rien court-circuiter, rien éviter, rien abréger.
Alors, comment peut-on adorer cet Enfant-Roi, proclamer cet Enfant-Dieu, sans en même temps monter au créneau pour défendre à tout prix, l’enfant, tout enfant, chaque enfant qui est sans prix. A moins d’incohérence et d’hypocrisie.
Comment, honnêtement, oser répéter, sans mentir : « Béni soit le fruit de ton sein » sans tout faire pour protéger ce sein-Temple de la vie, devenu le lieu le plus insécurisé au monde, et son habitant le plus menacé au monde ? Elisabeth n’a pas diagnostiqué, lors de son échographie surnaturelle, un simple kyste de cellules indifférenciées à éliminer sans problèmes.
Jean-Paul II s’est toujours référé à ce mystère de la Visitation pour l’affirmer avec force: « A la Visitation, Marie vient de concevoir : ce qu’elle porte dans ses entrailles n’est guère qu’un minuscule embryon. Pourtant, Jean bondit dans le sein de sa mère… »
Lucifer ne s’est-il pas révolté à la seule perspective de devoir un jour se prosterner devant un de ces misérables (à ses yeux) petits bébés humains, lui disant : » O mon Créateur, je t’adore! »
Si Satan ne supporte pas un enfant, c’est qu’il repère en chacun, beaucoup mieux que nous ne le faisons, son Créateur-petit enfant, suçant son pouce au 6ème mois de son existence terrestre dans le sein d’une jeune fille. Il confirme par sa rage destructrice, ce cri de Jean-Paul II une certaine nuit de Noël: « En chaque enfant, il y a certainement Jésus »: non pas une image, un symbole, une ressemblance mais bel et bien Jésus Lui-même.
Et comme il n’a pas réussi à L’éliminer à Bethléem, où il y a failli, alors il se venge sur tout enfant.
Or précisément dans la gigantesque « guerre mondiale contre la famille » diagnostiquée par notre Pape François qui donc est l’ennemi n°1 à abattre ? L’enfant ! C’est la toute 1ère victime de toutes nos aberrations-abominations occidentales .
L’adoption qui frustre l’orphelin d’un papa ou d’une maman : quelle victime ? L’enfant déstabilisé.
La fabrication d’orphelins programmés qui ne connaîtront jamais leurs parents: quelle victime? L’enfant aliéné.
Le commerce d’enfants adoptés revendus d’occasion: quelle victime? L’enfant-gadget!
L’embryon inséminé en gestation sans amour : quelle victime ? L’enfant frigorifié
Le zygote produit pour la recherche ? Quelle victime? L’enfant congelé!
Le fœtus en éprouvette puis en utérus artificiel : quelle victime ? L’enfant chosifié!
Le divorce réduit à une banale déclaration unilatérale : quelle victime? L’enfant crucifié!
Les parents frustrés de leur droit au libre choix de l’éducation : quelle victime? L’enfant kidnappé par l’Etat pour les formater, sinon pour les pervertir!
La fillette à qui l’on assène: t’as un corps de femme, mais tu peux être garçon si t’as envie : quelle victime? L’enfantschizophréné!
Et la 2ème victime, après mais inséparablement avec l’enfant : la femme! Comment oser vénérer, aimer Marie, sans monter au créneau pour défendre, protéger, sauver chaque femme, toute femme, de tout ce qui la dégrade, l’humilie, la blesse, la détruit de l’intérieur ?
Là aussi on reconnait la griffe de celui qui ne supporte pas d’avoir la tête déjà écrasée sous son talon. Durant le génocide au Rwanda les tueurs s’il ne leur restait qu’une seule balle, devait en priorité tirer sur la fillette plutôt que sur le garçon, et dans une église, en priorité sur le… tabernacle. Signé!
Quand on méprise la souffrance d’une maman après la tragédie que l’on sait, qu’elle n’a même pas le droit d’en parler. Quand on interdit de lui proposer des alternatives qui pourraient lui éviter cette torture. Quand la pauvre femme obligée de louer son sein pour manger, n’a même pas le droit d’aimer cet enfant dont on l’insémine. Tuant ce qu’il y a de plus sacré, de plus proprement divin au monde : l’amour maternel. Quand on entrave le droit d’une famille à accueillir un petit d’homme, pour éviter qu’il soit torturé, éliminé. Quand… quand… quand…
Comment adorer le mystère de la Famille – sainte entre toutes- de Bethléem, d’Egypte et de Nazareth, tout en laissant faire la conspiration contre la famille, visant son naufrage ? Comment oser annoncer le Mystère de Dieu en Trois Personnes hyper-amoureuses, tout en assistant passivement à la destruction programmée de ce « sacrement » de la Trinité Sainte ?
Comment oser annoncer Jésus- Vie du monde, sans être prêt comme Lui à donner sa vie pour sauver une seule vie ?
Comment oser proclamer un Dieu tout Amour, sans aimer jusqu’à combattre tout ce qui saccage l’amour ?
Si une pauvre crèche fait vaciller la République Française sur ses bases, si des gouvernants sont terrorisés par un petit bébé en terre cuite, c’est qu’ils pressentent peut-être inconsciemment, que cet Enfant sera un jour leur Roi et leur juge: « J’étais un enfant à naître, et vous m’avez rejeté ». Mais à une multitude de pauvres et d’humbles de cœur, il dira: « Comment te bénir, pour tout ce que tu as fait pour Moi, parce qu’en chaque petit tu m’as accueilli, protégé, soigné, consolé… aimé ! »
Utopique de rêvasser à un monde sans violence, torture, exclusion, guerre, tout en approuvant la 1ère des violences, tortures, exclusions et guerre : celle des tout-puissants contre le plus innocent, le plus fragile, le plus vulnérable d’entre nous !
Utopique de rêver à une société où tous sont solidaires, interdépendants, tout en cassant la famille, la toute 1ère expérience et apprentissage de la solidarité sociale.
Utopique de rêver à une nation accueillant l’autre, l’étranger, la personne portant un handicap, tout en niant la différence fondatrice : l’homme et la femme.
Utopique d’exiger la parité dans toute la société, en rejetant la parité prototype, la plus vitale qui soit à l’enfant : un père, une mère !
Utopique de protéger l’enfant de tous les dangers et risques, tout en le violant psychologiquement en falsifiant son identité sexuelle naturelle!
Neutralité égale complicité. Exister égale résister. Silence égale connivence.
La Miséricorde faite chair est allée jusqu’au duel mortel entre l’homicide et le Prince de la Vie. Duel actuel, comme jamais. Combat à son paroxysme.
La miséricorde, c’est l’amour en rébellion contre tout ce qui détruit son œuvre, surtout son chef d’œuvre entre tous : l’altérité conditionnant la fécondité. Bref, le mariage à dimension Trinitaire.
Devant tant d’horreurs menaçant l’enfant, comment se taire ? Comment rester indifférent ? Comment dormir tranquille ? Sans être lâche et poltrons? Comment ne pas se précipiter pour sauver l’agressé, le blessé, le violé, le naufragé, comme on plonge pour sauver in extremis un noyé?
Faire miséricorde c’est s’indigner, se laisser toucher jusqu’aux entrailles face à une injustice patente, et se mettre immédiatement à faire quelque chose de concret pour remédier à la situation » (François. Jubilé des prêtres, 2.O6.16 DC N° 2524).
Einstein : « Le monde n’est pas dangereux à cause de ceux qui font le mal, mais à cause de ceux qui regardent et laissent faire. »
«L’inaction des hommes de bien ne doit pas permettre au mal de triompher. Il est pire encore de ne rien faire » (Benoît XVI, Beyrouth, 15.09.12).
Le très doux petit frère Charles de Jésus, dont nous fêtons le centenaire du martyre :
« Il faut dire : « ce n’est pas permis », « malheur à vous hypocrites », qui mettez sur les timbres et partout : Liberté, Egalité, Fraternité, Droits de l’homme, et qui permettez de voler des enfants à leur parents et de les vendre publiquement, qui punissez le vol d’un poulet et permettez celui d’un homme. »
« Je crains que ce grand empire colonial conquis depuis quelques années, qui pourrait et devrait enfanter tant de bien, de bien moral, de vrai bien, ne soit présentement pour nous, qu’une cause de honte, qu’il nous donne lieu de rougir. »
Démasquer l’imposteur, dénicher le menteur, débusquer le tueur.
Mais qui donc est à la manœuvre ? Quel stratège dans les coulisses ? Un seul, avec ses sbires : satan. Notre frère et Père Jacques l’a démasqué: « Va-t-en satan! » Diagnostic précis, que notre François ne cesse de poser : « C’est une motion du père du mensonge pour défigurer le visage de l’homme et de la femme. »
« Un chrétien doit savoir ce qu’il peut accepter et ce qu’il doit condamner. On ne peut pas dialoguer avec l’ennemi de notre salut : il faut lui faire face en le combattant jusque dans ses intentions » (card. Bergoglio).
Et face au menteur, on crie la Vérité immortelle :
« Tout au long des siècles, la négation de la Vérité a engendré souffrance et martyre » (Jean-Paul II, Chemin de croix, 24.4.2000).
« La vérité est immuable, on ne peut la détruire par des décisions et des décrets ! » (P. Jerzy Popiełuszko).
« Ce n’est pas parce que la Vérité ne se propage pas qu’elle devient mensonge, de même ce n’est pas parce que le mensonge se propage qu’il devient vérité » (Gandhi).
Les derniers temps: nous y sommes. La preuve ? Le démon ne nous attaque plus aux périphéries, mais au cœur même de la Création. Le gender, c’est l’arrogante rébellion du menteur contre le Créateur en tant que tel. La révolte contre le réel !
Les derniers temps : ceux de l’apostasie finale : Nous y sommes. Diagnostic précis de Jean-Paul II. En Occident, c’est « l’apostasie silencieuse de l’homme qui se croit comblé sans Dieu ». Et résonne le cri angoissé de Dieu : « Le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera t-il la foi sur la terre ? » Et quand s’éclipse la lumière de la foi, la flamme de la charité s’éteint.
Honneur et gloire à notre frère et Père Jacques Hamel, le premier d’une longue série sans doute… Son martyre : privilège, honneur, bénédiction, grâce pour notre Eglise en France, ainsi glorifiée. Cette gloire du martyre n’est plus réservée toujours aux mêmes pays. Lors de la première série de martyrs coptes en Lybie-murmurant: « Oh ! Seigneur Jésus! », leurs familles, au milieu des larmes, ont osé bénir le Seigneur pour l’honneur fait à qui son frère, père, fils! Cela s’appelle des Chrétiens!
Avec quelle ferveur nous, prêtres, allons désormais célébrer, sachant que chaque messe peut s’achever en mélangeant notre sang à celui du Calice ! Petit frère Charles : « Vis aujourd’hui comme si tu devais mourir martyr ce soir. »
La plus forte des paroles: ton sang !
Thérèse, la petite: « En songeant aux tourments qui seront la partage des Chrétiens
au temps de l’antéchrist, je sens mon cœur tressaillir, et je voudrais qu’ils me soient réservés. »
Et elle les a vécus et vaincus d’avance, luttant corps à corps contre le menteur tâchant de lui inoculer le venin du soupçon et du doute, avec le « raisonnement des pires matérialistes ».
Aujourd’hui la parole ne suffit plus. « On ne croit que les témoins prêts à être égorgés » (Pascal).
Honneur à tous ces jeunes martyrs contemporains de la Foi, de la Pureté, de la Justice, de l’Evangélisation[1].
« Le martyre du cœur n’est pas moins fécond que l’effusion du sang et dès maintenant ce martyre est vôtre ! »
« Peut-être Jésus voudra-t-il bien après nous avoir demandé pour ainsi dire amour pour amour, nous demander encore sang pour sang et vie pour vie » (Thérèse).
Comment combattre? Avec un cœur d’enfant.
« Les démons sont lâches et fuient devant le regard d’un enfant. »
« En souriant, je brave la mitraille.
En chantant je mourrai sur un champ de bataille! »
« Je veux t’aimer comme un petit enfant -lutter comme un guerrier vaillant.
Dans le champ de mon apostolat, comme un guerrier je m’élance au combat. »
Ce qui nous manque cruellement la parrhèsia: autant la confiance de l’enfant que l’audace du combattant. L’un déclenche l’autre[2].
« C’est une chose que nous devons absolument à Notre Seigneur : de n’avoir jamais peur. Avoir peur, c’est comme oublier qu’il est avec nous. Nous serons heureux de tout ce qui nous arrivera, et nous n’aurons jamais ni inquiétude, ni peur » (Charles de Foucauld).
Comment la recevoir ? Dans l’adoration du Corps de Dieu.
« S’agenouiller devant l’Eucharistie est une profession de liberté : celui qui s’incline devant Jésus ne peut et ne doit pas se prosterner devant aucun pouvoir terrestre, aussi fort soit-il. Nous, les chrétiens, nous ne nous agenouillons que devant Dieu, devant le Très Saint Sacrement » (Benoît XVI, Corpus Domini 2008).
« Les chrétiens par leur agenouillement entrent dans la prière de Jésus au Mont des Oliviers. Devant la menace du pouvoir du mal, eux, parce qu’ils sont agenouillés sont droits devant le monde » (Benoît XVI, Jeudi saint 5.4.12).
D’un mot:
« A genoux devant ton Seigneur et Créateur:
Debout devant ton dictateur et persécuteur! »
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NOTES
[1] Voir mes : « Prophètes de la Joie », « Prophètes de la Beauté », édition du Jubilé, et à venir : « Prophètes de la lumière ».
[2] Pour prouver, étayer, creuser tout ce que j’affirme ici, voir mes deux ouvrages de référence sur les questions ici abordées: « SOS La vie », et : « Eblouissante sexualité ». Deux mines de documents et de citations, plus actuelles aujourd’hui qu’il y a deux ans.