7 arguments scientifiques et 3 arguments éthiques avancés par le professeur Henri Joyeux sur France-catholique :
Scientifique 1 – Les interférences immunité et génétique mère-enfant
Les passages trans-placentaires des immunoglobulines entre la mère porteuse et l’enfant créent des liens spécifiques de protection immunitaire et même épi-génétiques agissant sur les gènes de l’enfant à naître, de plus en plus reconnus et encore objets de recherche[1]. Ils sont indépendants des liens affectifs.
Scientifique 2 – Les liens mère-fœtus déjà au niveau du langage
Le cerveau du fœtus est capable de commencer à décrypter le langage de sa mère (porteuse) et d’en mémoriser certains éléments[2]. Faudra-t-il que la mère porteuse se taise tout le temps de la grossesse ou passe des enregistrements de la voix de la mère ou des parents acheteurs-receveurs pour ne pas perturber le bébé commercial ? Le corps mouvant et parlant de la mère agit en effet sur le fœtus et influence son acquisition du langage, d’où des risques de dyslalie (trouble de la parole) de l’enfant dans le futur.
Scientifique 3 – Une AMP qui devient GPA augmente les risques d’anomalies de naissance selon les techniques de procréation
Chez les mères porteuses par transfert d’embryon, selon de nombreuses études citées in 10th édition 2016 du « The Developping Human – Clinically oriented Embryology[6] », on observe chez le nouveau né plus d’anomalies de naissance[3], comprenant des tumeurs malignes embryonnaires et des changements chromosomiques. Cela dépend aussi des techniques d’AMP utilisées. Évidemment tous les risques sont minimisés, tellement qu’il est inscrit dans nos CHU dans le rapport les explicitant : « Ces risques sont minimes, et leur description ne doit pas vous inquiéter. »
Pourtant notre collègue Michael Davies de l’université d’Adelaide et ses collègues ont examiné et publié en 2012 près de 309.000 naissances du registre des naissances et interruptions de grossesse d’Australie du Sud, dont 6.163 issues d’une conception assistée.
« Le risque d’anomalies congénitales (y compris les infirmités motrices cérébrales) était significativement augmenté de 28% avec l’AMP par rapport aux conceptions sans AMP. Il était significativement augmenté avec la fécondation in vitro classique (FIV) d’une part et l’Icsi (Injection d’un seul spermatozoïde dans le cytoplasme de l’ovule lors d’une infertilité masculine) d’autre part, mais après ajustement en fonction des facteurs parentaux, le risque était significatif avec l’Icsi uniquement, augmenté de 57%.
L’AMP sans manipulation des gamètes (excluant donc l’Icsi et la FIV –Fécondation In Vitro) ainsi que les transferts de gamètes intra-fallopiens, dans la ou les trompes utérines) étaient également associée à un risque accru d’anomalies congénitales, augmenté de 24%. »
Scientifique 4 – L’enfant commercial n’aura pas droit à l’allaitement maternel
C’est pourtant la meilleure protection de la santé du nourrisson – permettant de reculer l’âge des premières et excessives vaccinations – ou bien faudra-t-il que la mère porteuse produise et vende en plus son lait à la famille receveuse ? Veut-on revenir aux nourrices italiennes qui, au début du XXe siècle, ont nourri tant de petits français ?
Scientifique 5 – La biologie ne peut pas mentir.
La GPA supprime l’altérité sexuelle pour l’enfant, plus ou moins acheté par un couple d’hommes, comme par un couple de femmes qui seraient toutes deux stériles. La biologie ne ment pas. Pour faire un enfant, il faut unir les gamètes masculins et féminins et un couple homme-femme pour que l’enfant rêve de ses origines, car il est identique à l’un et radicalement différent de l’autre. Les chromosomes ne mentent pas non plus. On est XX, ou XY. Pourquoi et au nom de quoi veut-on remettre en question ce modèle si fondamental, patrimoine de nos origines ?
Le suivi des enfants adoptés ou bien issus d’AMP (Aide Médicale à la Procréation) nous a appris que ce n’est pas seulement le lien biologique qui permet à l’enfant de se construire, mais le lien psychique de ses parents d’adoption. Cet argument est utilisé pour mettre sur le même plan, parents de même sexe et de sexes différents, et éviter ainsi toute discrimination entre couples. Lorsque l’enfant est tout petit, cette similitude se comprend, mais à l’adolescence en sera-t-il de même ? Il n’est qu’à suivre le nombre d’adolescents qui sont aujourd’hui en conflit avec leurs parents quels qu’ils soient. On veut nous faire croire qu’avec deux parents de même sexe cela se passera mieux qu’avec deux parents de sexes différents. Des médias, sans la moindre preuve, l’affirment déjà, poussés par les puissants lobbies dont nous avons déjà parlé. (lettre Bioéthique n°1)
Parmi les enjeux psychiques de l’AMP, ou plus encore de la GPA, le malaise de l’enfant le pousse toujours à retourner dans le passé au lieu de construire sa vie vers l’avenir, car il y a une souffrance d’origine. Veut-on imposer cette souffrance à l’enfant sur la seule décision d’adulte(s) qui auraient des « besoins » ou des « désirs » d’enfants créés pour eux et « sur mesure » ? On est bien loin du lien altruiste qui adopte un enfant en souffrance, abandonné, en mal de parents. On est bien loin aussi de l’enfant « donné » et non abandonné par une mère, ou même par deux parents lucides, conscients de leur impossibilité à lui apporter ce dont il a besoin.
Scientifique 6 – La GPA, une expérimentation humaine construite par des adultes, qui refusent et dénient la filiation
La fin de la filiation et d’une filiation crédible pour laquelle, n’ayant aucun recul, on joue aux apprentis sorciers aux dépens de l’enfant. On le coupe radicalement de la scène de sa naissance et de ses origines généalogiques. La filiation persistera-t-elle dans le projet de loi ? L’acte de naissance dénie alors la naissance propre à l’engendrement, à l’histoire. Et le besoin de différence auprès d’un homme et d’une femme disparait.
Combien d’errances filiatives pour rechercher son père spermatique, sa mère ovulaire ou porteuse, ou ses généreux donneurs présents dans quelques documents secrets à l’hôpital qu’on hésite à ouvrir au nom de la « vérité biologique » ?
À un moment où les grands-parents jouent un rôle de plus en plus important, que dira-t-on à ces enfants issus de GPA, quels grands-parents fictifs leur trouvera-t-on ?
L’amour parental prend donc le relais des origines interrompues que l’enfant a tant besoin de réparer. Il reste toujours une souffrance de l’adoption chez l’enfant, quelle que soit la quantité d’amour reçu, et même s’il est parvenu à compenser en grande partie le traumatisme originel.
Scientifique 7 – Avec la GPA, veut-on faire courir les risques de souffrance psychique grave voire de psychose chez l’enfant ?
Les risques même tardifs de psychose grave connue sous le nom « d’empreinte », sont possibles suite aux circonstances de la naissance, du fait du lien indissoluble entre un nouveau-né et la femme qui l’a porté. Imaginez l’achat-adoption d’enfant(s) par des personnes transgenres. Pensez-vous vraiment qu’il s’agit de l’intérêt supérieur de l’enfant ? Qu’est-ce que l’enfant comprendra de ses origines et comment vivra-t-il les grandes différences comparées aux origines des jeunes de sa génération ?
Éthique 1 – La GPA, le nouvel esclavage de la Femme
Le corps génital-reproductif de la femme peut-il être mis en location-vente, comme cela se faisait plus largement au temps des esclavages, et encore aujourd’hui avec la prostitution, pour le seul plaisir d’exploiteur(s) masculin(s) ?
Éthique 2 – La marchandisation de l’enfant-objet : finies générosité et gratuité
En cas d’anomalie de naissance, que devient la marchandisation de la procréation de l’enfant commercial ? Faudra-il une clause de perfection et alors laquelle (?), ou un contrat de propriété du ou des receveurs, dès la conception dans le corps de la mère porteuse, quel que soit l’état futur de l’enfant ? Les juristes sont capables d’organiser de telles relations, mais seront-elles construites dans l’intérêt supérieur de l’enfant ou dans celui des parents ?
A quand une grande loi intelligente et généreuse sur l’Adoption !
Éthique 3 –Droits des parents mais pas de droits des enfants : l’enfant cobaye ?
L’intérêt supérieur de l’enfant est-il pris en compte et prioritaire sur l’intérêt affectif des parents ? L’enfant peut-il être arraché à sa mère, seul facteur de sécurité à cet âge-là, alors qu’il vient de passer 9 mois dans sa plus grande intimité ? (voix, odeurs, goûts, mouvements…)
Le bébé sera donc arraché à sa fratrie de naissance, à ses parents naturels, à sa généalogie, à son histoire, à sa culture familiale, à son identité génétique et naturelle d’origine. Veut-on utiliser l’enfant comme cobaye, dans un cadre sociologique expérimental et proposer la résilience de Boris Cyrulnik pour l’aider à assumer ses origines singulières ?
Nous devons bien comprendre que le plaisir de certains, qui souvent s’arrogent des pouvoirs sociétaux pour justifier et pousser le politique à normaliser des situations humaines incongrues, fait certainement les choux gras de leur recherche, mais pas nécessairement le bonheur de la personne qu’ils étudient et de celles qui l’entourent.
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L’enfant ne doit être ni tiré au sort (car telle était la réponse des ministres de la justice et de la famille à la question de l’attribution d’un enfant adoptable par des couples de même sexe ou de sexes différents avant la loi pour le mariage pour tous), ni objet de recherches quand l’adulte le programme dans une situation fragilisée a priori, et dans le seul but de voir comment il va évoluer.
Ce n’est pas parce que cela se fait chez les animaux que nous pouvons nous arroger le droit de le faire chez le petit humain qui est dans l’incapacité de s’exprimer, alors même qu’il comprend, engramme et trace en sa mémoire le maximum de ce qu’on lui impose.
Tandis que l’adoption consiste à accueillir un enfant qui a besoin de parents, la GPA revient à créer spécialement un enfant pour répondre à des besoins de parents, soit exactement le contraire, cela alors même que de nombreux enfants souffrent du manque de leur père et mère, et se trouvent abandonnés, dans notre vaste monde.
Nous partageons toutes les conclusions du Collectif pour le respect de la personne CoRP (E-Mail : [email protected]) constitué de femmes et d’hommes, universitaires, scientifiques et philosophes en pleine activité, dont les recherches et travaux sont de dimension internationale.
Ils rappellent avec sagesse que :
la Convention internationale des droits de l’enfant promeut l’intérêt supérieur de l’enfant ;
la France interdit et doit maintenir l’interdiction la GPA en raison de l’indisponibilité de l’état des personnes et de la non-patrimonialité du corps humain.
De même, le CoRP exprime sa préoccupation quant à l’emploi, par le défenseur des droits, de l’expression « parent d’intention », empruntée au vocabulaire de certains sociologues et des lobbies promoteurs de la GPA. Preuve supplémentaire que les idéologies de la modernité ne sont pas sans conséquence pour les enfants.
Pour des raisons d’indépendance, le CoRP a lancé une campagne d’appel aux dons (déductibles jusqu’à 66% pour l’impôt sur le revenu) pour financer ses actions 2018 : axer le travail sur la sensibilisation des publics pour l’abolition de la GPA – « Gestation pour Autrui » dont les victimes sont les plus fragiles : des mères et des enfants.
Ainsi, ce qui est abusivement appelé « progrès » en matière de droit à l’enfant est en réalité une régression jusqu’à la toute puissance infantile, puisque « le désir fait désormais loi ». Qui aura le courage – en dehors du Dr Pierre Levy-Soussan[5]et d’autres collègues qui n’ont pas droit à la parole publique et médiatique – de montrer, d’anticiper les achoppements, les difficultés, les malaises de ces enfants ?
Le droit à l’enfant pour infertilité sociale est un non-sens anthropologique que l’on cherche à imposer à la société pour des raisons idéologiques. La solidarité nationale est destinée à la santé de tous et pas aux désirs de quelques-uns qui font de l’enfant un objet.
N’hésitez pas à diffuser cette lettre à toutes les personnes qui participent aux états généraux de Bioéthique afin que les lois bioéthiques de fin d’année 2018 soient d’abord dans l’intérêt supérieur des enfants.
Ne tombez pas dans les filets des arguments émotionnels qui manquent de sérieux scientifique et vous feraient croire que l’utérus d’une femme peut se louer comme autrefois on louait des bras pour une journée.
Méfiez-vous des débats publics plus ou moins tronqués ou manipulés où s’affrontent des points de vue dits irréconciliables, où la haine d’un côté comme de l’autre est utilisée comme argument pour ne pas avancer.
Cette année de la lucidité risque de déraper comme cela s’est passé déjà dans plusieurs villes. Rien ne sert de mépriser qui que ce soit ou quelque mode de vie que ce soit, ou de se sentir méprisé. Où dans ces débats se situe l’intérêt de l’enfant, celui de sa famille ? Là est la seule question.
Sources :
[1] Prereproductive Stress to Female Rats Alters Corticotropin Releasing Factor Type 1 Expression in Ova and Behavior and Brain Corticotropin Releasing Factor Type 1 Expression in Offspring – Hiba Zaidan, Micah Leshem, Inna Gaisler-Salomon – Biological Psychiatry – 2013Volume 74, Issue 9, Pages 680–687
[2] https://youtu.be/cMKGfIJidJ8 – Marie-Claire Busnel, Laboratoire de psychobiologie du développement – Paris Université Descartes. La vie psychique de l’enfant, ses émotions, ses affects sont puissants, tout autant que ses liens du sang, avec ses gènes, qui font son inscription généalogique.
[3] Keith L. Moore, T.V.N Persaud, Mark G. Torchia – ELSEVIER 2016
[4] Michael J. Davies, Vivienne M. More, Kristyn J. Willson, Philippa Van Essen, Kevin Priest, Heather Scott, Eric A. Haan and Annabelle Chan – Reproductive Technologies and the Risk of Birth Defects. – N Engl J Med. 2012 ; 366 : 1803-13
Bonduelle, U-B. Wennerholm, A. Loft, B.C. Tarlatzis, C. Peters, S. Henriet, C. Mau, A. Victorin-Cedequist ; A. Van Steirteghem, A. Balaska, J.R. Embeson and A.G. Sutcliffe.– A multi-centre cohort study of the physical health of 5-year-old children conceived after intracytoplasmic sperm injection, in vitro fertilization and natural conception.– Hum Reprod. 2005 ; 20 ; 413-419.
[5] Destins d’adoption – Ed Fayard 2010