Depuis son apparition dans la communauté universitaire aux alentours des années 1980, la polémique autour du génocide vendéen se poursuit. Ce drame d’une intensité peu commune, s’illustre dans le docu-drame de Daniel Rabourdin La Rébellion cachée, représentant le spectacle sublime d’un peuple qui lutte en vain contre la révolution qui l’écrase. Alliant débat historiques et scènes illustratives, ce film, tourné en Vendée, présente la réaction militaire et religieuse vendéenne, de sa naissance (1793) à son achèvement (1796). Son réalisateur explique ses motivations.
Comment vous êtes-vous intéressé au drame vendéen ? Est-ce les nouvelles thèses qui ressortent qui vous y ont poussé, ou simplement un sujet qui vous passionne depuis toujours ?
Ce qui m’a le plus poussé à m’intéresser à la Vendée est d’avoir vécu trente ans hors de France. Cela m’a permis de réaliser l’injustice qui pèse sur les chrétiens dans ce pays. Situez-moi ainsi : j’ai passé une belle enfance au-dessus de Cannes, puis je suis parti en Amérique et j’y ai vécu trente ans. J’étais un provincial. Votre journal, L’Homme Nouveau, était sur la table du salon, je fus scout d’Europe, j’ai découvert Jean Ousset à 15 ans et j’étudiais saint Thomas d’Aquin à l’IPC (Institut de Philosophie Comparée). Puis je fis les EOR et devins officier en Allemagne. Je tiens à dire que je n’étais pas particulièrement brillant, je n’étais pas parti dans la vie avec un nom ou des exemples académiques particuliers. Mais il me semble que je m’en sortais pour une raison : je m’accrochais. Et cela j’en avais hérité. Et puis fatigué du cynisme en France, je suis parti en Amérique où j’espérais trouver de l’optimisme. J’avais 24 ans. Là-bas, j’étudiai la télévision en Louisiane puis à San Francisco. J’écrivis pour des journaux comme Valeurs Actuelles, Famille Chrétienne ou même le Chasseur français. Je vivais avec les Indiens Navajo du Nouveau-Mexique, le New Age de Californie et les Think-Tanks de Washington. Mais surtout, j’ai vécu dans une société où être chrétien était finalement… « Normal ». C’était « dans la moyenne » contrairement à la France où la « norme » consistait à être agnostique ou athée. J’ai vécu dans un monde neuf, où celui qui tente d’aller vers ce qui est droit dans sa vie, dans sa créativité, dans son entreprise est généralement heureux, et en fait, prospère. Il est récompensé par la société. Rien de plus logique, n’est-ce pas ?
Après avoir vécu cela, j’ai compris l’injustice profonde qui existait en France envers les chrétiens et les gens qui créent et travaillent. Je pense aux enfants dans l’enseignement public que la plupart des professeurs s’efforcent de garder à l’écart de la foi chrétienne. Ce ne sont pas les seuls, beaucoup des écoles dites sous contrat semblent être enchaînées bureaucratiquement et ont elles-mêmes des enseignants usant du même cynisme. Je pense aussi aux entrepreneurs et aux agriculteurs qui souffrent de la bureaucratie extrême du pays. Cela se remarque par l’absence de sourire dans la rue, dans les magasins.
Dans les deux cas, à mon avis, nous avons une même source idéologique et maléfique : le dirigisme étatique pour créer un nouvel homme. Ou encore, l’absence de respect de la nature humaine, de sa spiritualité et de sa soif d’être à l’initiative de sa vie dans son travail et sa créativité.
Entre-temps, j’étais devenu producteur dans la télévision géante de Mère Angelica, en Alabama, EWTN. Après 16 ans de carrière chez elle, je cherchai à produire un docu-film chrétien et d’action. Dans notre cave de Cannes, j’ai trouvé une bande dessinée sur la Vendée. C’était le sujet que j’allais traiter. La Vendée était pour moi là où se croisaient une civilisation chrétienne dans un combat crucial avec un ennemi déclaré et une civilisation nouvelle, celle du cynisme. Mais comme Chatterton, je pense qu’il « n’y a pas de cause perdue. Pourquoi ? Parce qu’il n’y a pas de cause gagnée. » Tout peut être refait. Tout peut être remplacé.
Comment expliquer cette situation typiquement française ?
Je reviens à mes dernières impressions de la vie en France. Je pense encore aux enfants dans les écoles publiques. En mon temps, les enseignants passaient probablement 10 % de leur temps, non pas à être enseignants, mais à être propagandistes d’une vision athée de la vie. Je crois que cela a empiré. Mais le peuple de France paye-t-il les enseignants à faire de la propagande ou à enseigner ? A enseigner. Tout ce qui va au-delà est un abus. En fait, pour moi, la plupart de ces enseignants ne sont peut-être pas des prédateurs sexuels, mais ce sont des prédateurs spirituels. Et ce ne sont pas seulement les enseignants qui attaquent l’âme française à sa racine depuis deux siècles. Ce sont les autres grands pouvoirs culturels : les médias d’information, le cinéma.
Ces journalistes ou professeurs (je parle de leur majorité et non pas de tous) ne sont pas neutres vis-à-vis du spirituel. L’école publique qui exprime la voix de l’État n’est pas laïque dans le sens de la neutralité. Ils ont une philosophie précise de remplacement du christianisme et de la philosophie réaliste. Ils sont relativistes quant à la vérité, ils ont fait le choix de l’athéisme, ils sont dirigistes en ce sens que presque toutes les décisions descendent du pouvoir central, ils sont cérébraux. Ils ne reconnaissent pas la loi naturelle en dehors de la législation humaine. Ils pensent inventer la loi et créer ce qui est vrai par décision humaine. En raccourci, on ne peut pas dire que ce sont des écolos de l’être humain…
Voulez-vous trouver une source unique et puissante de l’absence du sourire sur les visages dans les rues de France ? À mon avis, c’est ce cynisme instillé aux Français depuis les dessins-animés dans l’enfance jusqu’à l’adulation des « créateurs adoubés » qui construisent des horreurs comme le plateau Beaubourg. Comment peut-on sourire avec cela comme nourriture de l’esprit ? On ne peut pas.
Cette situation peut-elle évoluer ?
Acceptons-le : cette puissance de la pensée a plus de pouvoir que quiconque. Une majorité des enseignants, des journalistes, des artistes-employés de France sont les princes de la pensée unique et les prêtres du politiquement « correct ». Mais cela doit changer, peut changer et changera un jour. Et donc, entre autres, il serait temps que l’école soit remise au service des familles. D’où mon intérêt pour le chèque scolaire grâce auquel les familles auront un jour l’équivalent de 15 000 euros entre leur main pour le donner à l’école publique ou libre de leur choix. Le pouvoir sera alors redonné au peuple vertueux constitué des familles.
Dans un autre temps, il faudra couper absolument toute subvention directe ou indirecte à la presse. Que l’État la subventionne revient à la mettre au service de l’État. Quand elle ne sera plus subventionnée, seront achetés les journaux que les Français estiment les informer et non les « propagandiser ». Même chose pour une grande partie du cinéma qui peut créer des œuvres perverses que les Français ne soutiendraient pas, mais qui est maintenu artificiellement en vie grâce aux subventions. Quand cet état qui tient déjà les rênes de la vie physique des Français tient aussi les rênes de leur vie intérieure à travers la culture, alors nous sommes en totalitarisme.
Pensez-vous que l’on puisse faire un lien entre cette dictature de la pensée et le génocide vendéen ?
Absolument. Et c’est la source de mon engagement dans ce docu-film La Rébellion cachée. C’est dans la directe mouvance de la saga des Vendéens. L’injustice dont je parle aujourd’hui a seulement commencé d’une façon cataclysmique avec les Vendéens. Quand ils fuient les colonnes infernales, c’est cela qu’ils fuient. Quand ils se cherchent dans les bois, c’est contre cela qu’ils s’unissent.
C’est pourquoi je suis actuellement sur les routes de France à projeter le docu-film dans les salles paroissiales et que vous avez du mal à me joindre. C’est surement aussi pourquoi mon visa d’exploitation en cinéma n’est pas délivré.
Mais ce n’est pas grave. J’ai le grand écran sur le toit de ma petite voiture, le projecteur dans les valises et tous les trois jours, je suis dans une ville différente. Les gens ovationnent, se lèvent et applaudissent. Ils disent comprendre en 75 minutes leur situation de chrétiens en France, et trouver du tonus spirituel à suivre nos Vendéens. Il semble que ce soit pour eux un film d’espoir et de courage pour la vie d’aujourd’hui. Le lecteur de cet article peut m’inviter dans sa paroisse en allant sur larebellioncachee.com. Ou encore commander le DVD. Je pense que ce sera l’un des meilleurs investissements pour fortifier les âmes dans sa famille.
Comme le dit Philippe de Villiers, l’épopée vendéenne fut « le premier des soulèvements populaires contre le premier des totalitarismes ». De la même façon que l’on nous rabat les oreilles depuis 70 ans contre le nazisme en brandissant le camp d’Auschwitz, nous allons rétablir la vérité sur la tyrannie culturelle de la Révolution française en brandissant le génocide vendéen. Et vous verrez, on sourira à nouveau dans les rues.