Le décalage entre les participants de La Manif pour tous et les organisateurs
Ce dimanche 16 octobre a eu lieu une manifestation nationale de La Manif pour tous, qui a rassemblé plus de 200 000 personnes selon les organisateurs, 24 000 selon la police et quelques centaines d’après les prédictions de France Info. Du sein du cortège, un sentiment de décalage entre les convictions des participants et le projet des organisateurs s’est fait sentir.
Au commencement du cortège, sur le podium, plusieurs personnes ont pris la parole, dont un représentant de Sens Commun, ce mouvement essayant de récupérer les participants de La Manif pour tous au profit d’un candidat ne partageant pas nos convictions. Il appela à l’unité, lui qui participe à la division. Par la suite, ont pris la parole Akila Arhella, pour parler de la théorie du genre, et Charles Beigbeder.
Le cortège démarre, des difficultés se font sentir en raison du nombre de participants. Sur le trajet, Jean-Frédéric Poisson est accueilli par des « Poisson Président », auxquels répondent des « Le Pen Présidente ». On entend chanter la comptine « Les petits poissons dans l’eau » qui en fin de cortège se transforme en « Jean-Frédéric Poisson dans l’eau nage aussi bien que Sarko ».
Arrivées au Trocadéro, sur le podium, plusieurs personnes se succèdent, dont Marion Maréchal Le Pen, qui est chaudement accueillie, Valérie Boyer qui commence à parler et embraye de suite sur la « protection de la filiation », en la dissociant du mariage, le malaise s’installe et on entend dans les rangs des « j’ai l’impression que l’on est en train de se faire entuber », puis elle enchaîne sur son soutien à Fillon, et là elle se fait huer, et est obligée d’interrompre son discours un instant. Elle termine sur les chrétiens d’Orient, comme pour sauver les apparences. Arrive ensuite Geneviève de Fontenay, qui commence par parler de son attachement à la famille traditionnelle, sous les applaudissements, puis propose sa solution le « Gayriage » une forme d’union civile sans adoption. Le malaise revient. Au pied de l’estrade, on voit des pancartes « Geneviève, Frigide : Même combat » ou « Non à l’abrogation de la filiation ».
Ludovine continue en appelant chacun à voter pour un candidat pro-famille à la primaire du parti dont il se sent le plus proche. Ignore-t-elle que seule la primaire de la droite et du centre a un intérêt ? En effet, il n’y a pas de primaire au Front National, et aucun candidat (à ma connaissance) de la primaire du PS ou d’EELV ne souhaite l’abrogation. À la primaire de la droite, il n’y en a au passage qu’un seul (Jean-Frédéric Poisson, pour ceux qui n’auraient pas suivi). LMPT en restant si neutre nuit à sa propre cause, il y a UN candidat pour l’abrogation dans UNE primaire, on ne peut voter que pour lui. Ce qui ne serait un engagement que pour la primaire, et non pour la suite, mais qui démontrerait la force du mouvement pour la suite.
Fallait-il laisser Sens Commun détourner le combat, je n’en suis pas sûr. Si vous aviez besoin d’une figure de proue, avez-vous contacté Lio, qui a déjà témoigné de la souffrance de ses enfants en raison de sa vie personnelle ? Plus sérieusement, s’il faut inviter des personnes dont le discours peut mettre mal à l’aise, invitez donc Philippe Ariño pour parler de l’homosexualité ! Invitez Farida Belghoul, pour parler de la FAPEC et de ce combat pratique contre l’idéologie du genre.
Car l’origine de la baisse de participation, en toute logique, peut aussi bien venir d’un sentiment de récupération par Fillon – via Sens Commun – que d’une mesquinerie et l’exclusion de certaines personnes qui auraient pu tant apporter. On peut également penser à la crainte des attentats qui peut avoir dissuadé certains de venir.
Benjamin Leduc