« Il y a un moment pour tout, et un temps pour chaque chose sous le ciel. » (Ecclésiaste 3 v 1)
Et je complèterai par le 7e verset du même chapitre « un temps pour déchirer, un temps pour coudre ». On prête à Catherine de Médicis cette parole à son fils Henri III après qu’il avait fait exécuter le duc de Guise : « Bien taillé mon fils, maintenant il faut coudre ! ». Dieu merci, pendant cette campagne électorale, on n’a tué personne, du moins physiquement ! Mais dans mon dernier blog, je parlais du goût de cendres de la campagne électorale d’avant le premier tour, et je persiste, après avoir observé entre les deux tours la neutralité justement requise par le Conseil permanent de la Conférence des évêques de France.
Aujourd’hui un président est élu et investi. Le devoir de tout français est de respecter sa fonction, et celui particulier de tout catholique de prier pour lui. (ndlr rejoindre notre chaîne de prière)Ainsi le recommandait Saint Paul à son disciple Timothée : « Je recommande donc, avant tout, que l’on fasse des demandes, des prières, des supplications, des actions de grâce, pour tous les hommes, pour les rois et tous ceux qui détiennent l’autorité, afin que nous menions une vie calme et paisible en toute piété et dignité. » (I Tim 2 v 1 et 2). Après donc avoir, beaucoup « déchiré », beaucoup « taillé », jusqu’à laisser ce « goût de cendres », voici le temps pour tous les acteurs de la vie politique en France de « coudre », réunir, apaiser, tout en agissant !
Cependant, pour le chef de l’Etat, agir c’est gouverner, et donc poser des choix qui diviseront inévitablement les Français. Le risque doit être couru. D’où la nécessité absolue d’éviter les divisions inutiles que suscitent des minorités dont on se demande si elles ne constituent pas une cinquième colonne formée pour détruire tout ce qui reste en France de civilisation. Les lois sociétales votées sous le précédent quinquennat ont été catastrophiques de ce point de vue ; nous en verrons de plus en plus les conséquences funestes. Il serait sage de s’arrêter dans ce domaine. Beaucoup de catholiques prient dans ce sens pour leur président. Et, disons-le, beaucoup se sont méfiés de lui et persistent dans cette attitude de méfiance à cause de cela. Le président a ainsi dans son entourage des gens qui sont favorables à l’euthanasie et au suicide assisté. Je lis ici ou là que les candidats « En Marche » feront campagne pour la PMA pour tous ! Pour un catholique, il me semble qu’on ne peut transiger sur ces sujets. La promotion de ces pratiques relève d’un état d’esprit intrinsèquement pervers qui doit être combattu sans indulgence ni merci !
Autre sujet de méfiance, si ce n’est de crainte : la question de la Laïcité. Il est plus que temps de renouveler son discours officiel. Depuis 2012, il a pris un tour odieux, en ce sens qu’il n’exprime plus la neutralité de l’Etat vis à vis des religions, mais son hostilité, surtout contre la religion catholique, du moins dans la bouche de certains politiques ! Et la gauche ne détient pas le monopole de ce ressentiment. L’Etat se doit, au nom de l’ordre public et des nécessités de la situation de guerre, de veiller à l’organisation du culte musulman en France. Mais nous ne sommes plus en 1905 ! La vision d’alors d’une séparation dans la douleur du politique et du religieux doit faire place à une autre vision, celle de la distinction nécessaire entre le politique et le religieux, de telle manière que le premier puisse travailler pour le Bien Commun et la sécurité de tous sans empiéter outre mesure sur la liberté religieuse à laquelle chacun a droit. Les catholiques n’ont pas à faire les frais de comportements religieux qui leur sont étrangers. Les pouvoirs publics doivent pouvoir apprécier la situation particulière de chaque culte, de chaque religion, et développer leurs politiques au cas par cas. La Laïcité promue de manière globale et aveugle est d’une absurdité totale au regard des différences profondes entre religions. C’est à cause le Laïcité que nous sommes gratifiés de politiques justifiant en son nom leur ignorance ou leur mépris du fait religieux. Jusqu’à semer les germes de la guerre civile !
La nomination d’une secrétaire d’Etat comme Marlène Schiappa inquiète ainsi, par son assentiment au port généralisé du voile islamique, et ce surtout en raison des motifs qu’elle a invoqués ! Je les résume : le refuser serait s’opposer à un signe religieux, et donc reconnaître le fait religieux qui, selon elle, est chose impossible à un État laïc ! Conclusion : il faut accepter le voile au nom de la Laïcité ! Et pourquoi pas le djihad, si l’on poursuit le raisonnement ? Il est vrai que son père, Jean-Marc Schiappa, est une des têtes pensantes de la libre pensée ! Qu’on se reporte à l’un de mes précédents blogs reproduisant les statuts de cette association et l’on en sera édifié… Sous couvert d’y propager et encourager la haine de toutes les religions par un laïcisme intransigeant, on refuse en fait de les comprendre. Les voiles islamiques ne s’en portent que mieux !
Dans cet esprit, on pourra continuer à construire de nouvelles mosquées et imaginer l’édification d’un islam de France, avec le concours des universités. On croira consolider une pratique raisonnée et acceptable du culte musulman, mais de fait, on suscitera fatalement, à cause de la nature même de l’islam, une opposition des fidèles à ces nouveaux imams formés dans des universités mécréantes, ou pire, par des musulmans traîtres collaborant avec les infidèles ! Qu’on se reporte au livre que j’ai cossigné avec Odon Lafontaine La Laïcité mère porteuse de l’islam ? pour comprendre pourquoi un tel projet ne peut être que voué à l’échec !
Enfin, les lecteurs de mon blog savent que je n’ai jamais aimé les discours et interventions du candidat Macron, principalement, ce que j’appellerais « l’incident d’Alger ». Mais « il y a un moment pour tout ». Les élections présidentielles ont eu lieu et la passation de pouvoirs est faite. Je n’ai entendu le président Emmanuel Macron qu’une seule fois le jour de son investiture, à l’hôtel de ville de Paris. L’heureux changement de ton m’a certes frappé, mais surtout son propos très clair, un peu étonnant après cette campagne, et qui me semble constituer une première dans la bouche d’un président de la République. Évoquant l’histoire de Paris, il a parlé du 14 juillet, fête nationale comme chacun sait, mais en précisant « fête de la Fédération » ! Nous sommes renvoyés à 1790, et non à 1789 et la prise de la Bastille. Certes la loi promulguée le 6 juillet 1880 se contente de dire que « La République adopte le 14 juillet comme jour de fête nationale ». Mais l’on avait bataillé au Sénat. La perspective de commémorer une journée aussi sanglante que celle de la prise de la Bastille déplaisait à de nombreux parlementaires qui avaient le souci de rassembler le pays autour de la République fraîchement consolidée (en 1875, par l’amendement Wallon). Henri Martin, républicain et historien, rapporteur de la loi devant la haute assemblée s’exprima ainsi : « Après la journée du 14 juillet 1789, il y a eu la journée du 14 juillet 1790. Cette journée-là, vous ne lui reprocherez pas d’avoir versé une goutte de sang, d’avoir jeté la division d’un degré quelconque dans le pays. Elle a été la consécration de l’unité de la France. Oui elle a consacré ce que l’ancienne royauté avait préparé. L’ancienne royauté avait fait pour ainsi dire le corps de la France et nous ne l’avons pas oublié ; la Révolution, ce jour-là, le 14 juillet 1790, a fait, je ne veux pas dire l’âme de la France- personne que Dieu n’a fait l’âme de la France- mais la Révolution a donné à la France conscience d’elle-même ; elle a révélé à elle-même l’âme de la France. » (extrait du discours d’Henri Martin au Sénat le 29 juin 1880).
On remarquera qu’à cette époque encore très marquée par la lutte sur la nature du régime politique qui devait prévaloir, on était encore entre gens de culture. On savait que La France n’avait pas commencé en 1789. On en savait gré aux rois et on choisissait une fête qui, justement, avait vu se rassembler tous les français autour de Louis XVI, leur roi légitime qui avait accepté solennellement ce jour l’évolution constitutionnelle de la monarchie. Le président Macron s’est donc situé par sa précision historique dans la continuité d’Henri Martin et de la majorité des parlementaires de 1880, soucieux de rassembler les français après l’humiliation de la défaite de Sedan et la perte de l’Alsace Lorraine. Ces politiques savaient « recoudre ». Le propos du président de la République n’est pas anodin. D’ailleurs, il faisait suite à deux actes symboliques, auxquels tous les français ne pouvaient qu’être sensibles – dans la mesure où tout cela procède d’une attitude sincère du président : la remontée des Champs Elysées en voiture militaire et la visite aux soldats blessés de l’hôpital Percy. La France a toujours aimé son armée, surtout en temps de guerre. Manifester visiblement qu’on est son chef constitue un acte éminemment rassembleur. La suite logique devrait être un effort budgétaire important en faveur de l’armée, dans l’intérêt de tous nos concitoyens. Sur ce point, comme sur d’autres, la cohérence politique et morale sera indispensable pour rassembler les Français !
Source blog du Père Viot