Le 16 mai prochain, on fêtera saint André Bobola, jésuite polonais, martyrisé en 1657. Le pape Pie XII avait publié une encyclique sur le martyr d’André Bobola, Invicti Athletae.
Voici quelques extraits de ce texte méconnu qui traitent de la question de rapports entre la doctrine chrétienne et la raison que l’on peut lire à profit:
Aujourd’hui, malheureusement, dans de nombreux endroits, la foi chrétienne est faible ou sur le point de disparaître. La doctrine évangélique est presque complètement ignorée par beaucoup ; par d’autres – et c’est bien pire – elle est entièrement rejetée, presque comme inconciliable avec le progrès des hommes d’ici-bas qui prétendent puiser non pas à Dieu mais à eux-mêmes, c’est-à-dire à leur ingéniosité, à leur force, de leur vigueur, les moyens de vivre, d’opérer, d’apprivoiser les principes et les éléments et de les réduire à son service, pour l’avantage commun et le bien-être dans la vie sociale. Et puis, ceux qui travaillent à éradiquer la foi chrétienne – seul réconfort dans cette vie mortelle, particulièrement pour les plus misérables – ne manquent pas de l’âme des autres, surtout des ignorants et des simples, et de ceux qui sont déjà contaminés par l’erreur, promettant un bonheur qui ne pourra jamais être pleinement atteint dans cet exil terrestre. En effet, partout où vise, où qu’elle tende, la société humaine, si elle s’éloigne de Dieu, au lieu de jouir de la tranquillité, de la concorde et de la paix des âmes désirées, elle finit par devenir troublée et affligée, comme quelqu’un que la fièvre agite ; et tandis qu’il tend anxieusement vers les richesses, les avantages et les plaisirs terrestres, ne se confiant qu’en eux, il poursuit une ombre passagère, il s’appuie sur ce qui est éphémère. En fait, sans Dieu et sa très sainte loi, il ne peut y avoir d’ordre juste parmi les hommes, ni de vrai bonheur, car la conduite privée et la société civile manquent de fondements solides. D’ailleurs, vous savez bien, vénérables frères, que seules les choses célestes et éternelles, et non les choses instables et transitoires, peuvent entièrement satisfaire notre âme.
On ne peut pas non plus affirmer ce que certains balbutient imprudemment, à savoir que la doctrine chrétienne est en conflit avec les lumières de la raison humaine, alors qu’elle lui ajoute de la splendeur et de la force, précisément parce qu’elle l’éloigne des fausses apparences de la vérité pour l’introduire dans le domaine plus large et plus sublime de la véritable intelligence. Ne croyez donc pas que le message divin, que l’Église catholique, en vertu du mandat qu’elle a reçu, interprète légitimement, soit quelque chose de dépassé et d’épuisé, alors qu’il est quelque chose de vivant et de vigoureux, puisque lui seul peut indiquer aux hommes le chemin sûr et droit chemin vers la vérité, la justice et toutes les vertus, leur donner l’harmonie et la paix fraternelle, donner à leurs lois, à leurs institutions, à leur société des garanties valables et inébranlables.