Diplômée en sciences politiques et en relations internationales, Ashley Inman, spécialiste du Moyen-Orient, a confié à Charged Affairs une réflexion intéressante sur les relations entre l’Égypte, ses Coptes et l’islamisme, qui évoque la possibilité d’une crise majeure. En voici la traduction.
L’État islamique a indiqué clairement sa volonté de détruire les communautés chrétiennes – et il a déjà expulsé systématiquement la population chrétienne du Sinaï du Nord. Si le Président [al-Sisi], le gouvernement égyptien et la communauté internationale demeurent lents à protéger les Coptes de l’extrémisme islamique, le résultat sera catastrophique pour tout le Moyen-Orient et cela déstabilisera fondamentalement la région pour les années qui viennent.
Les Coptes chrétiens constituent entre 10 et 15 % des 90 millions d’Égyptiens et, selon la loi, ils sont les égaux des musulmans majoritaires. L’ancien Président Mohamed Morsi et al-Sisi ont tenu, l’un et l’autre, un discours habituel de soutien à la population copte, Morsi la qualifiant « d’aussi égyptienne que moi », et al-Sisi nouant un lien étroit avec le pape Théodore, chef des chrétiens coptes.
Mais malgré un statut d’égalité de par la loi, les Coptes sont constamment considérés comme des citoyens de seconde classe même dans les circuits officiels. Les Coptes sont dénigrés dans les médias étatiques, dans les manuels scolaires approuvés par le gouvernement, dans les mosquées financées par le gouvernement, et ils n’accèdent pas aux carrières gouvernementales, dans l’administration et dans la justice. Les tensions entre la minorité copte et la majorité musulmanes ont toujours été fortes mais au cours de la décennie écoulée les conflits politiques, les bouleversements gouvernementaux et la montée des groupes extrémistes ont exacerbé la confrontation transformant la culture égyptienne de discrimination en une culture de violence.
En 2013, les Coptes ont connu un des pires moments pour leur communauté, lorsque des foules ont attaqué leurs églises, leurs propriétés et leurs maisons. Depuis, si la situation des chrétiens coptes s’est améliorée en Égypte, l’Égypte demeure un pays où les tensions sectaires mijotent continuellement et sont prêtes à éclater. D’un point de vue général, les droits de l’homme sont épouvantables et la vie des chrétiens n’a jamais été ni aisée ni sans danger.
Au cours de la décennie écoulée, les Coptes ont dû affronter un autre danger: les militants de l’État islamique qui ont intentionnellement pris pour cible les chrétiens d’Égypte et ont promis d’exterminer leur population en Égypte et dans le monde. L’incapacité à protéger les Coptes menace aussi d’éroder le soutien national au Président al-Sisi dont les dirigeants coptes ont fortement soutenu le coup d’État militaire de 2013 qui a déposé le Président Morsi, ce qui pourrait ouvrir un boulevard à la réémergence d’encore plus d’entités politiques islamiques fondamentalistes semblables aux Frères musulmans.
Avec des relations entre les États-Unis et l’Égypte devenant de plus en plus instables depuis la déposition de Morsi, l’éventualité d’un deuxième soulèvement politique d’importance combiné à une grande crise humanitaire suivie d’une crise des réfugiés, menace d’affaiblir encore la capacité des États-Unis de travailler au plan diplomatique pour promouvoir la paix et encourager la démocratie en Afrique du Nord et au Moyen-Orient. Ensemble, la communauté internationale et l’Égypte devraient tourner leurs regards vers cette crise, si elles ne veulent pas récolter les conséquences causées par des décennies d’inaction, c’est-à-dire une crise des réfugiés et un problème de sécurité internationale.
Charged Affairs, 25 septembre – © CH pour la traduction
Source Christianophobie Hebdo.
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