Le passage du temps avait eu raison de l’éclat des décors de cette église parmi les plus anciennes de Paris. Une vaste opération de restauration leur donne une nouvelle jeunesse – l’occasion de redécouvrir des chefs-d’œuvre oubliés.
Plusieurs étapes ont été nécessaires (dépoussiérage, gommage, décrassage, peintures des zones lacunaires, etc.) afin de retrouver toute la vivacité des décors peints, réalisés au XIXe siècle sous la direction de l’architecte Victor Baltard, et confié à Hippolyte Flandrin et Alexandre Denuelle. « Le défi est de redonner à voir la peinture en respectant sa technique à la cire et que nos interventions ne portent atteinte au travail de l’artiste », précise Pierre-Antoine Gatier. Après le choeur des moines – qui rouvrira au public à Pâques – c’est l’essentiel des peintures, du mobilier et des boiseries des intérieurs, qui devrait être restauré à l’horizon 2020.
« Cela a été un choc ! En découvrant l’éclat des peintures qui se trouvaient sous les couches de crasse, j’ai ressenti une grande joie et une immense surprise, confie Pierre-Antoine Gatier, architecte en chef des Monuments historiques, en charge du projet. Je n’avais pas mesuré, malgré les études et les textes, le caractère éclatant de ces couleurs ! » Le blanc des tuniques des Apôtres, le rouge des colonnes, le vert de l’arbre de Jessé, les fonds dorés et le bleu de la voûte étoilée… Derrière les bâches de protection des travaux de restauration du chœur des moines, les peintures murales d’Hippolyte Flandrin ont retrouvé leur fraîcheur originelle. Et à l’heure où les vitraux, également restaurés, s’embrasent, le Collège apostolique et L’entrée du Christ dans Jérusalem s’illuminent. Qui aurait pu imaginer que tant de splendeur se cachait-là ?
Rappelons que l’église de Saint-Germain-des-Prés fut au départ celle d’un monastère fondé au VIe siècle par le roi Childebert, fils de Clovis, et l’évêque Germain ; elle est donc l’un des édifices cultuels les plus anciens de Paris. Trésor architectural, riche de toutes les transformations successives, elle mêle les styles romans, baroques et gothiques. Soucieux de préserver cet héritage, la Ville de Paris, la Direction régionale des Affaires culturelles (DRAC) et le Fonds de dotation pour le rayonnement de l’église St-Germain-des- Prés travaillent de concert avec la paroisse. Le coût total de l’opération a été estimé à 6,4 millions d’euros, somme à laquelle la Ville contribue à hauteur de 1,2 million. « Il reste 3,8 millions à trouver, détaille Jean-Michel Delisle, administrateur du fonds de dotation. Nous avons lancé des opérations, une fondation aux États- Unis ou encore le projet “Adopte une étoile”, pour attirer les dons. » Les paroissiens, eux aussi, sont mobilisés. « Que ce soit en argent ou en temps, nous nous investissons, confie Pierre, 60 ans. C’est une reconquête de notre église, cela crée du lien, donne le sentiment d’une paroisse vivante qui travaille pour les générations futures. » Cette idée de transmission anime également le P.Antoine de Folleville, curé de la paroisse. « St-Germain a reçu pour mission de se consacrer aux jeunes et aux étudiants. Ceux-ci recherchent une profondeur de foi. Nous sommes heureux de les accueillir dans un tel cadre. C’est vrai pour chaque visiteur. Le beau est transcendantal, nous en avons besoin pour élever notre regard au-delà du quotidien. » (Source)
Depuis 543, une église se dresse au cœur de ce quartier de Saint Germain des Prés. Au fil des siècles, l’humble abbaye des débuts est devenue un lieu mondialement connu et aimé.
Dans son histoire, elle a toujours bénéficié à temps des secours nécessaires : une première fois, aux Xè et XIè siècles, après sa destruction par les vikings, lorsque l’abbé Morard entreprend le chantier de l’église actuelle… il y a plus de 1000 ans ! Une deuxième fois, dans les années 1840-1870, lorsque l’architecte Baltard et le peintre Flandrin lui évitent la ruine, conséquence de la Révolution, en restaurant et décorant le bâtiment.
Depuis 2011, une équipe d’habitants et de paroissiens, en lien étroit avec la Mairie de Paris et la DRAC, cherche des moyens pour sauver ces décors et redonner une lumière à l’un des plus vieux clochers de Paris, c’est la raison d’être de cette plateforme de financement participatif.