Au lendemain de son arrivée à Santiago, le Pape a donné son premier discours devant les autorités chiliennes, la société civile et le corps diplomatique ce mardi 16 janvier 2018. Ils les a exhortés à ne pas se reposer sur les acquis démocratiques mais à se mettre à l’écoute de tous les Chiliens.
Devant la présidente en exercice, Michelle Bachelet, mais aussi face au président élu Sebastian Pinera, le Pape a d’abord fait part de sa «joie» de retrouver ce pays qu’il connaît bien pour y avoir passer une partie de ses études.
200 ans après l’indépendance du Chili, François a salué «le développement d’une démocratie qui lui a permis un progrès soutenu», après avoir vécu des périodes «turbulentes».
Le bien et la justice sont à «conquérir chaque jour»
Mais il faut continuer à consolider et renforcer ce rêve des pères fondateurs. «Chaque génération doit faire siens les luttes et les acquis des générations passées et les conduire à des sommets plus hauts encore», estime François.
Alors si les dernières élections ont manifesté la «solidité» et la «maturité civique du Chili», le Pape ne manque pas de rappeler que «le bien, l’amour, la justice et la solidarité» sont à «conquérir chaque jour».
«Vous avez tous, par conséquent, un défi grand et passionnant: continuer à travailler pour que la démocratie et le rêve de vos aînés, au-delà de leurs aspects formels, soient vraiment un lieu de rencontre pour tous», poursuit François. Ce lieu doit permettre à tous, sans «exception», de construire «une maison, une famille et une nation», un Chili «généreux, accueillant, qui aime son histoire, qui travaille pour son présent de convivialité et regarde avec espérance vers l’avenir».
Écouter les peuples autochtones et les enfants
Pour le Pape, cet avenir se joue «en grande partie» dans la capacité du peuple et des autorités chiliennes «à écouter». Il enjoint à écouter les chômeurs, «qui ne peuvent pas subvenir dans le présent et encore moins dans l’avenir aux besoins de leurs familles»; écouter les peuples autochtones, «souvent oubliés» et dont il faut défendre les droits et la culture; écouter les migrants, «qui frappent à la porte»; écouter les jeunes et les personnes âgées mais aussi écouter les enfants «qui se présentent au monde les yeux remplis d’étonnement et d’innocence».
«Et ici, je ne peux m’empêcher de manifester la douleur et la honte que je ressens face au mal irréparable fait à des enfants par des ministres de l’Église, confie le Pape, avec émotion. Je voudrais m’unir à mes frères dans l’épiscopat, car s’il est juste de demander pardon et de soutenir avec force les victimes, il nous faut en même temps nous engager pour que cela ne se reproduise pas.»
Enfin, il faut écouter la Maison commune, indique le Saint-Père, et pour cela ne pas hésiter à recourir à la «sagesse» des peuples autochtones. «De ceux-ci, nous pouvons apprendre qu’il n’y a pas de développement authentique pour un peuple qui tourne le dos à la terre et à tous ceux qui l’entourent.»
L’intégralité de la rencontre du Pape avec les autorités chiliennes