Comme c’est la tradition chaque 12 décembre depuis 2014, le Pape François a présidé ce mardi soir une messe solennelle à la basilique Saint-Pierre, en l’honneur de Notre-Dame-de-Guadalupe.
«La Mère de Dieu est la figure de l’Église, et d’elle nous voulons apprendre à être Église avec un visage métis, avec un visage indigène, afro-américain, un visage pauvre, pour que personne ne se sente stérile ou infécond…» En commentant l’Évangile que la liturgie propose pour cette célébration, le Saint-Père a signalé que la Parole qui venait d’être proclamée est la préface de deux grands cantiques : le cantique de Marie, reconnu comme le Magnificat, et le cantique de Zacharie, que le Pape appelle «le cantique d’Élisabeth, de la fécondité». Le Pape a donc concentré son homélie sur la dialectique entre stérilité et fécondité.
Évoquant la stérilité d’Élisabeth, François a rappelé tout ce que cela impliquait pour la mentalité religieuse de son époque, qui considérait la stérilité comme une punition divine, fruit de son propre péché, ou de celui de l’époux. La stérilité prend différents noms, et faut qu’une personne ressente dans sa chair la honte d’être stigmatisée, ou de sentir peu de chose.
Mais le pape François a aussi mis en valeur la fécondité d’Élisabeth, qui fut la première à expérimenter, dans sa propre vie, dans sa chair, l’accomplissement de la promesse faite par Dieu. «En elle, nous comprenons que le rêve de Dieu ne sera ni la stérilité ni stigmatiser ou remplir de honte ses enfants, mais faire jaillir en eux et d’eux un chant de bénédiction. De la même manière, en Juan Diego, nous voyons que c’est vraiment lui, et personne d’autre, qui porte sur son manteau l’image de la Vierge», une «Vierge à la peau bronzée et au visage métis», qui prend «les traits de ses enfants».
«À travers cette dialectique de fécondité-stérilité nous voyons la richesse et la diversité culturelle de nos peuples d’Amérique latine et des Caraïbes, elle est le signe de la grande richesse que nous sommes invités non seulement à cultiver, mais à défendre contre toute tentative d’homogénéisation qui finit par imposer une unique manière de penser, de voir, d’être, de sentir, de vivre, et qui termine en rendant invalide ou stérile tout l’héritage de nos aînés», a averti le Saint-Père, en invitant à cultiver une mémoire reconnaissante pour l’héritage spirituel qui fait partie de l’essence latino-américaine.