Le Pape François a adressé un message aux participants de la XXIe séance publique des académies pontificales, réunis à Rome le mardi 5 décembre 2017, sous la houlette du cardinal Gianfranco Ravasi, président du Conseil pontifical pour la Culture, et du Conseil de coordination des académies pontificales.
Le Pape François, se référant au thème choisi pour cette séance publique, «in interiore homine. Parcours de recherche dans la tradition latine», souligne combien les thèmes de «l’intériorité, du cœur, de la conscience et de la connaissance de soi», présents au sein de toutes les cultures et traditions religieuses, se proposent aujourd’hui avec urgence et force «à notre époque souvent caractérisée par l’apparence, la superficialité, la scission du cœur et de l’esprit (…)». «Les moments de crise, poursuit le Saint-Père, de changements, de transformations, non seulement des relations sociales, mais surtout de la personne et de son identité la plus profonde, appellent inévitablement une réflexion sur l’intériorité et l’essence de l’être humain».
Préserver et mettre à profit la riche tradition latine
Tant de figures, appartenant autant aux mondes gréco-romain que chrétien, se sont penchés sur ces questions cruciales, proposant des «textes qui aujourd’hui encore se révèlent d’une grande profondeur et actualité et méritent de ne pas tomber dans l’oubli», estime François, qui prend l’exemple des maximes augustiniennes sur la recherche de la vraie harmonie intérieure et du bonheur : «rentre en toi-même; c’est dans l’homme intérieur qu’habite la vérité; et si tu trouves que la nature est muable, transcende-toi toi-même» (De vera religione, 39, 72). Ou encore : «Ne t’en vas pas au dehors, rentre en toi-même; au cœur de la créature habite la vérité» (Commentaire de l’Evangile de Jean).
Ces affirmations, nous devrions nous les répéter à nous-mêmes, suggère le Pape, à tous ceux qui partagent notre parcours, et surtout aux jeunes, qui «commencent la grande aventure de la vie, et souvent restent dans les labyrinthes de la superficialité et de la banalité, du succès extérieur qui cache un vide intérieur (…)».
Et le Pape, à l’instar de Saint Augustin, de lancer un appel aux académiciens, ainsi qu’à tous ceux chargés d’enseigner, «de transmettre la sagesse des anciens, renfermée dans les textes de la culture latine : sachez parler au cœur des jeunes, sachez mettre à profit le très riche patrimoine de la tradition latine pour les éduquer au chemin de la vie, et les accompagner le long des sentiers riches d’espérance et de confiance».
Attributions des prix des académies
Chaque année, les sept académies pontificales récompensent les travaux autour de l’humanisme chrétien. Cette année, et c’est une première, le prix a été conféré par l’Académie pontificale de la latinité, créée en 2012 sur volonté du pape émérite Benoît XVI. Et il distingue deux lauréats ex aequo : Pierre Chambert-Protat, pour sa thèse en doctorat sur Florus de Lyon, ainsi que Francesco Lubian, pour sa publication critique des Distiques attribués à Saint Ambroise.
Pour encourager l’étude du patrimoine de la culture latine, la médaille pontificale de l’Académie de la latinité a également été attribuée à Shari Boodts, de l’Université catholique de Louvain, pour son édition critique des Sermons de Saint Augustin, ainsi qu’à un groupe de professeurs de latin de l’Université Toulouse II, pour la publication d’un prestigieux manuel à destination du Supérieur, prochainement édité aux éditions Ellipses. Le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’Etat du Saint-Siège a remis les prix aux différents récipiendaires.