« Au Pakistan, le Christianisme est arrivé depuis près de 150 ans grâce à des missionnaires européens et américains, à des franciscains, à des dominicains et à des membres d’autres ordres religieux. Les missionnaires ont fait beaucoup pour nous. Ils ont construit des églises et des écoles, ils ont baptisé, dispensé les sacrements et lancé de nombreuses activités pastorales, sociales et caritatives. Ils ont toute notre gratitude. Maintenant, c’est notre tour. Voila ce que nous dit le Mois missionnaire extraordinaire proclamé par le Pape François. Il est de notre responsabilité de porter l’Evangile aujourd’hui au Pakistan ». C’est ce qu’indique à l’Agence Fides le Père Jahanzeb Iqbal, Recteur et Curé de la Cathédrale de Lahore, en commentant la Lettre que le Pape François a rendu publique hier et au travers de laquelle il proclame officiellement, pour célébrer le centenaire de la Lettre apostolique Maximum Illud (1919) de Benoît XV, un « Mois missionnaire extraordinaire » en octobre 2019.
« Tout ce que nous sommes aujourd’hui – explique le Père Iqbal – nous le devons aux missionnaires. C’est surtout grâce à eux que nous avons reçu le don inestimable de la foi. Nous avons le cœur rempli de gratitude. Ils ont quitté leurs pays et ont donné leur vie pour nous. Quand j’étais jeune, je voyais de nombreux missionnaires dans nos églises. Aujourd’hui, ils sont beaucoup moins nombreux. Cela signifie que l’Eglise au Pakistan a fait des progrès pour être autonome et qu’elle grandit par la grâce de Dieu. Maintenant, c’est notre moment. Le Seigneur nous appelle, comme le déclare le Pape François, à être d’authentiques disciples et missionnaires. Le Pakistan a besoin de l’annonce de l’Evangile et celle-ci constitue maintenant notre mission. C’est dans cet esprit que nous préparerons et que nous vivrons le Mois missionnaire extraordinaire. Peut-être parfois sommes-nous un peu paresseux et il est alors utile de se souvenir de l’exemple et de l’ardeur des premiers missionnaires, arrivés sur le sous-continent indien avant même la naissance du Pakistan, lesquels ont commencé, au travers de nombreuses difficultés, en faisant toujours confiance à la force de l’Esprit Saint.
Parmi les défis que l’Eglise au Pakistan doit relever, le Curé remarque « au niveau intra ecclésial une certaine jalousie qui, parfois, caractérise nos œuvres et nos communautés et qui ne fait certes pas de bien à l’action pastorale. Nous devons nous améliorer sur cet aspect au sein de nos Eglises ». En outre, il indique que « nos Eglises sont souvent en difficulté à cause d’un manque de fonds et de ressources servant à porter de l’avant l’ensemble des œuvres d’apostolat que nous souhaiterions mener. Nos familles chrétiennes sont très pauvres et leurs offrandes ne suffisent pas à subvenir aux besoins de la communauté. Nous avons encore besoin des donateurs étrangers ».
Une autre question urgente, selon le Père Iqbal, consiste dans la « présence dans les moyens de communication de masse de la communauté catholique en tant que telle. Nous souffrons de l’importante présence des réseaux chrétiens protestants qui, au travers de leurs chaînes de télévision, touchent de nombreux croyants et parfois font également de la contre-publicité aux catholiques ».
Il ne faut pas non plus négliger par ailleurs l’essence même de l’Eglise au Pakistan, qui est « une petite minorité dans un milieu islamique. Parfois, nos fidèles ont peur des musulmans. Ils connaissent une certaine discrimination. Ils craignent de subir des abus et des violences. Dès lors, la vie n’est pas facile pour eux, attendu qu’il peut suffire de prononcer quelques mots pour être accusés, incarcérés et même tués. Cependant, telle est notre réalité et notre vie. Nous la menons avec sérénité et avec une grande foi, confiant en Dieu qui ne nous fait pas manquer Sa grâce, qui constitue la force qui nous permet d’aller de l’avant chaque jour » conclut le Recteur de la Cathédrale de Lahore.