« La petite minorité des chrétiens au Pakistan a célébré Noël et le passage de la nouvelle année avec une ferveur religieuse. Malgré les risques pour la sécurité après l’attaque terroriste perpétré contre une église méthodiste de Quetta le 17 décembre, la dévotion, la prière, l’esprit de Noël n’a pas fait défaut, ni dans les maisons, ni dans les églises et a toujours été très vivant ». C’est ce que déclare à l’Agence Fides Aftab Alexander Mughal, laïc catholique directeur de la revue Minority Concern, qui s’occupe de la protection des minorités religieuses, et par ailleurs ancien Secrétaire exécutif de la Commission épiscopale Justice et Paix du Pakistan.
« L’attentat a envoyé une onde de choc et un message sanglant aux chrétiens vulnérables qui coulaient seulement célébrer la naissance de Jésus Christ. Les fidèles ont célébré Noël dans tout le pays sous étroite surveillance et ils ont été prudents, notamment parce que, selon des rapports diffusés par les moyens de communication, les terroristes prévoyaient d’attaquer plusieurs églises » remarque Aftab Alexander Mughal. Le Département anti-terrorisme a arrêté trois terroristes à Muzaffargarh, au Pendjab méridional, le 22 décembre, tous membres du prétendu « Etat islamique », qui affirmaient vouloir conduire des attaques le jour de Noël.
« Jusqu’ici, le gouvernement a fait preuve de peu de protection ou de préoccupation. Actuellement, il existe une sensation irrésistible d’insécurité parmi les chrétiens pakistanais qui se sentent de plus en plus en danger. Les chrétiens constituent une petite minorité au sein de la population locale et gèrent différentes institutions éducatives et sanitaires servant les communautés locales indépendamment de leur foi et de leur ethnie » explique Aftab Alexander Mughal.
« L’Etat affirme que l’épine dorsale des organisations terroristes a été brisée au travers de différentes opérations antiterroristes. Cependant, une question demeure : comment se fait-il que les terroristes soient encore en mesure de mener des attaques dans de nombreuses grandes villes et zones considérées comme sûres ? Certes, cela démontre les défauts en matière de politique de sécurité malgré les opérations militaires en cours » indique Aftab Alexander Mughal. En outre, de nombreux représentants politiques continuent à nier la présence du prétendu « Etat islamique » dans le pays alors qu’au cours de ces dernières années, le groupe en question a revendiqué différentes attaques sanglantes.
Il ajoute : « La militance continuera à prospérer si sont tolérés les prédicateurs qui incitent à la violence et promeuvent l’incitation à la haine, ainsi que nous l’avons vu voici seulement quelques semaines au cours des manifestations de Faisalabad à Islamabad, capitale du Pakistan. La haine porte à la radicalisation, au terrorisme. Après avoir visité l’église et les blessés de l’attentat de Quitta, des membres chrétiens et musulmans de la Commission consultative interreligieuse ont demandé au gouvernement d’affronter les causes profondes de l’intolérance et de l’extrémisme.
« Le Pakistan souffre à cause des nombreuses attaques terroristes perpétrées depuis 2001, mais les autorités pakistanaises ont largement ignoré les activités de certains groupes confessionnels, militants et terroristes. Depuis 2001, ce sont au moins 60.000 personnes qui ont perdu la vie au Pakistan à la suite d’attaques terroristes » conclut-il.
Les chrétiens composent la deuxième minorité du pays, constituant 2% de la population totale du pays. Près de 80% des chrétiens pakistanais vivent dans la province du Pendjab et la majorité d’entre eux est marginalisée et dispose d’un travail peu qualifié.