Les chrétiens de l’Etat indien de l’Orissa, bien que vivant dans une condition de souffrance et de gène, ont une conscience forte et claire du fait qu’ils sont missionnaires en tant que baptisés. Heureux de l’annonce faite par le Pape François, à l’occasion de la Journée missionnaire mondiale, ils se préparent au « Mois missionnaire extraordinaire » dans la joie d’annoncer l’Evangile, conscients que « l’Eglise est missionnaire par nature, autrement il ne s’agirait plus de l’Eglise du Christ mais d’un groupe comme tant d’autres » affirme une source locale de Fides.
L’Orissa a besoin de se développer au niveau économique, social, éducatif et psychologique. Il s’agit du deuxième Etat le plus pauvre de l’Inde, sachant que le district de Kandhamal, qui accueille un grand nombre de chrétiens, est le plus arriéré au niveau socioéconomique. Sur le plan de la liberté religieuse également, les minorités telles que les chrétiens rencontrent des difficultés. L’Orissa est en effet l’un des huit Etats indiens dans lequel est en vigueur une loi anti-conversion, qui limite la liberté religieuse et se trouve également utilisée pour pénaliser les minorités non hindoues. Les chrétiens sont souvent menacés et le fait de se déplacer librement dans le cadre de l’action missionnaire peut parfois signifier s’exposer à des accusations de prosélytisme de la part de groupes extrémistes hindous tels que Rashtriya Swayamsevak Sangh (RSS), Bajarangdal et Viswa Hindu Parishad, qui, souvent, frappent les dalits et les adivasis – les populations tribales – certains de se voir garantir l’impunité. Ces groupes ne voient pas d’un bon œil le fait que les deux groupes précités fréquentent des écoles et institutions chrétiennes et si un dalit embrasse la foi chrétienne, il se trouve immédiatement doublement discriminé.
« Après 70 ans d’indépendance, les droits constitutionnellement reconnus, tels que celui à la religion, à l’expression, à la profession de toute religion ne sont pas respectés en Inde. Neuf ans ont passé depuis qu’en 2008, les chrétiens de Kandhamal ont subi un véritable massacre. La Cour Suprême a déclaré le 2 août 2016 que le gouvernement de l’Etat devait fournir une indemnisation adéquate aux victimes, pour les pertes en vies humaines, en maisons, en églises, en institutions endommagées, en propriétés mais cette décision n’a pas été appliquée » rappelle à Fides le Père Manoj Kumar Nayak, récemment intervenu devant le Conseil des Nations unies pour les droits fondamentaux à Genève.
La réalité est qu’au sein de la bureaucratie de l’Etat et du système judiciaire, les hauts fonctionnaires sont seulement hindous, ce qui cause des retards ou des défauts de réponse aux besoins légitimes des minorités chrétiennes. L’Eglise fait actuellement beaucoup en particulier pour les pauvres dalits et adivasis en vue de leur instruction et pour leur fournir une assistance sanitaire. « Les chrétiens – conclut le Père Nayak – de par nature, veulent construire la paix, l’unité et l’harmonie et ce même lorsqu’ils sont pris pour cibles en tant qu’innocents. En cela les chrétiens de Kandhamal représentent un exemple : leur foi est vive et leur témoignage de béatitude évangélique constitue un exemple pour tous les baptisés en Inde ».