La question de l’ordination mariés a été récemment posée. Elle serait même à l’étude. Le document préparatoire, rendu public le mois dernier en vue du synode des évêques de la région amazonienne, envisagerait cette perspective sans le dire ouvertement. Prêtre de New York et canoniste, le père Gerald E. Murray estime que la mise en place d’un clergé composé de viri probati posera plus de problèmes qu’elle n’apportera de solutions
En effet:
Ordonner des ’viri probati’ en Amérique du Sud ouvrira la porte à l’ordination d’hommes mariés partout où l’évêque y sera disposé. Devrions-nous nous attendre à ce qu’un évêque d’un diocèse européen n’ayant pas eu d’ordination durant des décennies soit stoppé par Rome s’il annonçait un programme d’ordination d’hommes mariés ?
Il y a évidemment les problèmes de formation et de qualification de ce clergé :
Nous devrions aussi considérer la question des qualifications requises pour ordonner des « hommes expérimentés » mariés. Seront-ils obligés de suivre la formation du séminaire, ainsi que l’exige le droit canon ? Est-ce que l’on s’attend à ce qu’ils remplissent toutes les exigences en étudiant la philosophie, la théologie et toutes les autres matières requises des séminaristes comme les Ecritures, le droit canon, l’histoire de l’Eglise, la patristique, la liturgie, le soutien spirituel, etc.
Le risque est tout simplement que, par la force des choses, on aboutisse à un “parcours d’études drastiquement réduit”:
Ce sera pratiquement impossible pour des hommes vivant dans des communautés isolées et devant également travailler pour nourrir femme et enfants. On leur donnera forcément un parcours d’études drastiquement réduit.
Cela signifie que l’Eglise ordonnerait des hommes manquant du savoir adéquat pour mener à bien la grave mission de prêcher et d’entendre les confessions. Ils seraient les équivalents modernes de ce que l’on appelait les prêtres ’simplex’ qui avaient seulement l’autorisation de célébrer la messe, et non de prêcher ou de confesser. Cependant, les ’viri probati’ prêcheraient et confesseraient sans la complète formation philosophique et théologique que l’Eglise, avec sagesse, exige de tous les candidats à la prêtrise.
Enfin, inévitablement, se posera la question des prêtres qui ont abandonné le sacerdoce pour se marier. On peut prévoir des pressions pour qu’ils soient réintégrés:
Et qu’en sera-t-il des prêtres ayant quitté la prêtrise pour se marier ? Il y aura des pressions sur le Saint-Siège pour ré-admettre ces hommes qui sont toujours prêtres mais qui ont été interdits d’exercice du ministère presbytéral. Nous pouvons nous attendre à ce que des évêques les accueillent à bras ouverts. Si cela arrive, qu’en sera-t-il des prêtres qui déclareraient qu’ils aimeraient bien se marier tout en restant prêtres ? Serait-il juste de leur refuser ce qui est donné à d’autres, c’est-à-dire la chance d’être à la fois un homme marié et un prêtre ?
Mais c’est aussi à l’égard des catholiques en général que le problème est posé :
Quel en sera l’effet sur les catholiques et les autres ? Le célibat sacerdotal est l’un des signes les plus forts donnés au monde par l’Eglise Catholique qu’il est possible et raisonnable de faire le grand sacrifice du mariage et de la vie familiale pour l’amour du Christ. C’est une sainte façon d’honorer Dieu et d’annoncer Jésus aux gens. Jésus agit à travers ses prêtres et ils sont appelés à vivre en suivant son style de vie. Jésus n’était pas marié. Le prêtre est une icône vivante du Christ, le Grand Prêtre.
Abandonner le célibat comme étant trop difficile et par là un obstacle à répandre l’Evangile, c’est brader le christianisme. Les gens verront cela comme une capitulation à l’esprit irréligieux du temps.
Le célibat sacerdotal est l’une des gloires de l’Eglise Catholique. C’est un don qui inspire aux gens de se dire : « si les responsables de l’Eglise Catholique veulent vivre sans femme et enfants pour l’amour et l’imitation de Jésus-Christ, ils doivent être totalement convaincus que c’est la vraie religion et que Dieu les récompensera pour leur sacrifice ». Si tout cela est mis au rebut, alors nous apparaîtrons au monde comme doutant et incertains de la valeur de ce que l’Eglise a toujours enseigné comme étant un grand bien et d’un grand bénéfice pour le prêtre et pour l’Eglise entière.
Le mouvement pour l’abandon du célibat doit être contré par une défense vigoureuse de la discipline de l’Eglise qui demande à ses prêtres d’imiter le don de soi au Père du Christ en vivant dans le célibat une vie vouée au service du peuple de Dieu.
Source France catholique