A la veille des élections présidentielles en France, un petit rappel pour les politiques comme pour les électeurs nous vient tout droit de la voix du Saint-Siège à l’ONU.
« Le respect de la vie, du moment de la conception à la mort naturelle » doit « guider » les politiques, a réaffirmé Mgr Bernardito Auza.
Madame la Présidente,
Comme l’a souligné le récent rapport du Secrétaire général intitulé Modification des structures de l’âge de la population et développement durable (E / CN.9 / 2017/2), le monde continue de connaître des changements importants dans la répartition de la population selon l’âge et passe de populations plus jeunes en croissance, associées à des taux élevés de fécondité et de faible mortalité, à des populations ayant une nombre proportionnellement plus important de personnes âgées, liées à des niveaux de fécondité et de longévité beaucoup plus faibles, avec des conséquences marquées au niveau de la consommation et du rythme de la croissance économique. Bien que ces changements démographiques présentent un nouvel ensemble de défis et d’opportunités, le développement durable, l’élimination de la pauvreté et la défense de la dignité de la personne humaine doivent rester essentiels à notre réponse collective.
Pendant des décennies, le discours sur une bombe démographique imminente a conduit certains gouvernements à adopter des politiques qui encouragent les mesures de contrôle de la population, certaines draconiennes, comme la réponse la plus simple à la peur de la pénurie de ressources et du sous-développement. Tout en notant la complexité des problèmes en jeu, ma délégation souhaite souligner la nécessité de prendre en compte les différentes situations régionales et même spécifiques aux pays. Par exemple, les populations de certains pays continueront d’augmenter à court terme; d’autres se stabilisent autour d’une croissance nulle; et d’autres encore ont commencé à expérimenter un déclin démographique en spirale, avec les défis qui se posent de fournir des protections et des soins sociaux adéquats pour les personnes âgées, ainsi qu’un emploi significatif pour les jeunes face à une croissance économique stagnante due au vieillissement et au déclin de la population.
Madame la Présidente,
Bien qu’il soit vrai qu’une répartition inégale de la population et des ressources crée des obstacles au développement et à l’utilisation durable de l’environnement, il faut aussi reconnaître que la croissance démographique est totalement compatible avec la prospérité partagée. Les ressources sont suffisantes, mais elles sont souvent utilisées de manière inefficace et mal distribuées. Le monde développé, avec un niveau élevé de consommation et un faible niveau de pauvreté, est souvent responsable des déséquilibres commerciaux, de la répartition inéquitable des ressources et de la dégradation de l’environnement.
La corruption, les conflits prolongés et d’autres catastrophes causées par l’homme, en particulier dans le monde en développement, font beaucoup plus pour perpétuer l’injustice et enraciner la pauvreté qu’une population saine et en pleine croissance. En ce qui concerne ces causes profondes, qui influent sur le problème du développement durable, les meilleures réponses sont la solidarité, la paix et la sécurité. Cela présuppose, cependant, un changement considérable dans les politiques tant des pays développés que des pays en développement, en particulier en termes d’investissement dans le temps, les ressources et les politiques.
Madame la Présidente,
La transition démographique s’est produite dans le monde développé avant qu’il n’ait accès aux méthodes modernes de contraception. Elle s’est réalisée avec des progrès économiques et technologiques, ainsi que des investissements dans l’éducation, l’infrastructure et les institutions. Il est bien connu que la croissance économique correspond à des taux de fécondité plus faibles et que, lorsqu’elle est accompagnée d’investissements dans l’éducation et la santé, elle augmente la productivité et le bien-être des sociétés. Alors que la parentalité responsable et le comportement sexuel sont toujours des impératifs moraux, la réglementation coercitive de la fécondité, surtout sous le couvert de l’autonomisation et des droits, porte atteinte à la liberté et à la responsabilité individuelle. Le respect de la vie, du moment de la conception à la mort naturelle, même face au grand défi de la naissance, doit toujours informer les politiques, surtout en ce qui concerne l’aide internationale, qui devrait être mise à disposition selon les priorités réelles de la nation d’accueil, et non par une volonté imposée du donateur.
Ce respect pour la vie doit également guider les politiques mises en place par les gouvernements pour s’assurer qu’ils bénéficient de « dividendes démographiques ». L’investissement est le mieux placé non seulement dans l’éducation et les soins de santé, mais aussi dans un logement et un assainissement adéquats et dans l’accès à l’eau potable, en particulier dans les pays en développement. Ces investissements répondent mieux aux causes profondes des conflits, de la pénurie de ressources et de la sur-urbanisation. Ce sont les investissements qui rendront nos jeunes autonomes.
Ce droit à la vie doit aussi nous amener à garder les personnes âgées, les personnes handicapées et les plus vulnérables à l’avant-garde de nos politiques de développement. Non seulement ils doivent être habilités par la société à intégrer et participer pleinement à tous les aspects de la vie, mais leur valeur inhérente ne doit pas être réduite à la question de savoir ce qu’ils peuvent produire ou à leur capacité physique. Ne laisser personne en arrière signifie également reconnaître que la valeur de chaque personne est supérieure à sa contribution économique et que nos charges sont censées être partagées. Nous devons partir d’une approche du développement plus durable et axée sur l’homme, enracinée dans la solidarité et la responsabilité authentique pour les besoins de tous, en particulier des plus vulnérables.
Merci, Madame la Présidente.
Traduction de Zenit, Constance Roques