Monsieur le Président,
Le Saint-Siège remercie la Présidence de l’Uruguay d’avoir porté ce sujet inquiétant à un débat ouvert dans cette Chambre et donc à l’ensemble de la communauté internationale.
Ma délégation souhaite remercier le Secrétaire général des Nations Unies pour son dernier rapport sur la violence sexuelle liée aux conflits (S / 2017/249), qui décrit l’impact horrible de ces crimes sur les femmes et les filles et sur toutes les communautés.
Le terme de « violence sexuelle liée au conflit » couvre un large éventail de violences sexuelles, incluant le viol, l’esclavage sexuel, la prostitution forcée, la grossesse forcée, l’avortement forcé, la stérilisation forcée, le mariage forcé, ainsi que la traite des personnes en situation de conflit aux fins de violence ou d’exploitation sexuelle.
Aussi épouvantables et criminelles que soient ces formes de violence sexuelle, ma délégation souhaite attirer l’attention particulière sur l’utilisation de la violence sexuelle dans les conflits comme une tactique du terrorisme. Les motifs de ce crime particulièrement odieux, énumérés dans le rapport du Secrétaire général, sont une litanie du mal et comprennent ceci : inciter au recrutement de terroristes, terroriser et déplacer les populations, forcer les conversions par le mariage, supprimer les droits fondamentaux des femmes, générer des revenus grâce au trafic sexuel, extorquer des rançons de familles désespérées, donner les femmes et les filles en gages de guerre pour compenser les combattants qui ont le droit de les revendre ou de les exploiter comme ils le souhaitent, et utiliser des femmes et des filles comme boucliers humains et comme kamikazes [1]. Les souffrances incommensurables de tant de femmes, qui continuent aujourd’hui à être victimes d’une telle cruauté, ne peuvent que mettre le feu sous nos pieds pour nous inciter à agir.
Le Saint-Siège invite donc la Communauté internationale à travers ce Conseil à accorder la priorité à cette violence particulièrement horrible contre les femmes et les enfants. Il n’y a pas besoin de preuves supplémentaires pour prouver que les femmes et les filles sont spécifiquement ciblées comme une tactique pour inciter à la peur, écraser leur volonté et générer des revenus pour la machine terroriste. Le pape François a rappelé à la communauté diplomatique que nous ne devons pas négliger cet horrible crime de viol en conflit, qui est « une très grave offense à la dignité des femmes, qui ne sont pas seulement violées dans le corps mais aussi dans l’esprit, entraînant un traumatisme difficile à effacer et avec des effets sur la société aussi »[2]
Face à ces crimes odieux, il existe, d’abord pour les États et ensuite pour la communauté internationale, une grave responsabilité de protéger ceux qui sont exposés aux crimes de guerre, aux crimes contre l’humanité, au génocide et au nettoyage ethnique. La communauté internationale est appelée à « encourager et à aider les États à exercer cette responsabilité » [3]. La violence sexuelle liée aux conflits et, en particulier, la violence sexuelle comme instrument du terrorisme, relève sans aucun doute de cette responsabilité profonde et pressante de protéger. L’impunité dominante de ceux qui ont commis ces crimes illustre clairement l’urgence de remplir ce devoir.
Le besoin urgent d’agir afin d’épargner aux femmes et aux filles de devenir la proie de tactiques aussi atroces dans les conflits devrait accompagner et même encourager les efforts communs des États et la volonté résolue de mettre fin aux conflits et d’adopter des solutions coordonnées à travers des efforts de dialogue et de médiation, ainsi que des mesures de consolidation de la paix et de réconciliation post-conflit. Il n’est pas nécessaire de rappeler aussi que le rôle des femmes dans une telle entreprise est essentiel. Cela ne devrait pas être une réflexion tardive ou considérée simplement comme quelque chose de politiquement correct, mais plutôt comme une contribution indispensable à tous nos efforts de paix et de sécurité pour épargner à notre monde d’autres fléaux de guerre et de violence.
Monsieur le Président,
Il y a une semaine, le pape François, une fois de plus, a averti qu’une « culture de la destruction » s’était répandue dans le monde entier et que nous vivions un « nouveau massacre » d’hommes, de femmes et d’enfants qui souffrent et qui meurent en raison de la guerre et de la migration, ou qui sont exploités pour des intérêts personnels. [4] En réponse à cette culture de la violence, le monde, en particulier les femmes et les filles dont la dignité est sauvagement violée, considère ce Conseil comme un espoir et une action. Souvenons-nous de leurs visages et montrons-leur par notre action qu’ils n’espèrent pas en vain.
Merci, Monsieur le Président.
Mgr Auza