Dans un contentieux qui soulevait la question de la compatibilité entre la fonction de président d’université et l’état sacerdotal, le Conseil d’État a tranché: il a estimé que rien, juridiquement, n’empêchait la possibilité pour un prêtre de présider une université. Le principe de neutralité du service public n’interdit donc pas à un responsable public d’exercer le ministère sacerdotal. Le 13 décembre 2016, l’abbé Michel Deneken avait été désigné président de l’Université de Strasbourg par le conseil d’administration de ladite université. Cette décision avait entraîné certaines critiques qui avaient abouti à un recours devant le juge administratif. Le tribunal administratif de Strasbourg avait rejeté, le 18 décembre 2017, la requête du Syndicat national de l’enseignement supérieur contre l’élection du Président de l’Université de Strasbourg. En effet, le juge administratif de première instance avait notamment souligné que “les dispositions de l’article L. 712-2 du code de l’éducation ne s’opposent pas à l’élection d’un ecclésiastique à la présidence d’une université”. Cette fois-ci, le Conseil d’État a estimé que cette situation ne mérite pas de faire l’objet d’une question prioritaire de constitutionnalité (QPC) qu’il aurait transmise au Conseil constitutionnel. La législation sur cette question serait assez claire et ne laisserait pas planer une quelconque inconstitutionnalité. Sans illégalité, on peut donc être prêtre et président d’université.
Cette décision est aussi la fin d’un feuilleton où beaucoup de contresens ont été faits, prouvant que le milieu “laïcard” a perdu toute culture ecclésiale minimale. Certains syndicats avaient contesté cette situation au nom d’une ecclésiologie assez curieuse: un prêtre serait affilié au Vatican… Pourtant, dans une ordination sacerdotale, le prêtre ne prononce aucun serment de fidélité au pape, dont il n’est pas le collaborateur, sauf s’il est dans le diocèse de Rome. S’il est diocésain, il est seulement le collaborateur de l’évêque, membre du presbyterium de son diocèse.