À propos de Notre-Dame des Victoires (2e arrondissement de Paris), saint Jean Bosco reçut la révélation qu’elle était « la maison des grâces et des bénédictions » ; sainte Thérèse de Lisieux disait que c’était la seule merveille de Paris qui la ravissait. Qu’a donc cette église de si particulier ?
Les religieux qui vivaient ici au XVIIe siècle sous la règle de saint Augustin, appelés « Petits Pères », demandèrent au roi des subventions en vue de la construction de la chapelle de leur couvent. Louis XIII finit par consentir, à une condition : qu’elle s’appelle Notre-Dame des Victoires, en action de grâce pour le siège de La Rochelle qu’il venait de remporter à l’automne 1628, sauvegardant ainsi l’unité du royaume. Le roi désirait placer toutes les victoires militaires à venir entre les mains de Marie.
Le samedi 8 décembre 1629, l’archevêque de Paris, Monseigneur de Gondi, bénit les fondations de l’édifice. Le lendemain, le roi posa solennellement la première pierre.
En octobre 1637, c’est ici que Frère Fiacre de Sainte-Marguerite (Denis Antheaume, 1609-1684) reçoit la révélation d’une demande de récitation de neuvaines pour la naissance de l’héritier du trône, le futur Louis XIV.
Pendant la Révolution française, les religieux sont dispersés et l’église fermée, dépouillée de ses œuvres d’art, et transformée en siège de la Loterie nationale puis en Bourse. Le culte y renaît en 1809, date où elle devient église paroissiale.
Charles Dufriche-Desgenettes, né à Alençon en 1778, ordonné prêtre en 1807, est nommé curé de Notre-Dame des Victoires en 1832. Suivent quatre années d’apostolat sans fruit apparent. Alors qu’il est en proie au découragement, prêt à renoncer à son ministère, tandis qu’il célèbre la messe, il entend l’ordre suivant à deux reprises : « Consacre ta paroisse au Très Saint et Immaculé Cœur de Marie. » Nous sommes le 3 décembre 1836.
Dans un grand acte de foi, l’abbé remet à la Vierge la réussite pastorale de sa paroisse, et crée en quelques jours une association de prières en l’honneur du Cœur Immaculé de la Très Sainte Vierge. « Le but de l’association, écrit-il, est d’obtenir de la divine miséricorde, par la protection et les prières de Marie, la conversion de tous les pécheurs. »
Dès lors, les associés vont prier, et les fidèles se multiplier. Par faveur du pape Grégoire XVI, l’association devient archiconfrérie le 24 avril 1838. Celle-ci renoue ainsi avec la vocation première de cette église, depuis le Frère Fiacre, celle d’être un lieu de miséricorde et de conversion pour les pécheurs. L’écrivain Colette écrira dans le Petit Parisien du 26 juin 1942 : « Le chemin le plus foulé du Palais-Royal mène à Notre-Dame des Victoires. C’est une église où, comme à la fontaine du village, toutes les soifs vont boire. […] L’église est chaude de suppliques, de cierges et de gratitude. Entre les offices, le silence y est grand, mais chaque pierre est gravée, et parle. »
Article à retrouver en intégralité sur le site Notre histoire avec Marie