Nous évoquions il y a quelques jours la protection toute particulières des marins par Notre-Dame de Rocamadour. Elle a ainsi veillé sur les concurrents du Vendée Globe, qui n’ont pas manqué de se confier à elle au départ, et de la remercier à leur retour. L’occasion pour nous de revenir sur ce sanctuaire…
Les origines de Rocamadour sont assez mystérieuses car très anciennes et ne sont plus documentées (aucune archive ne subsistante à cause des guerres dites « de religion » du XVIe siècle). Une légende veut que Zachée soit venu s’y retirer. Dans sa solitude, il aurait sculpté la statue de la Vierge. Une autre légende raconte qu’il aurait rapporté d’Orient une statue sculptée par saint Luc.
Rien ne nous permet de connaître véritablement les raisons qui poussèrent des pèlerins, au moins à partir du IXe siècle, à venir, parfois de loin, pour prier dans ce paysage solitaire et difficile d’accès. Qui est arrivé le premier ? Sans doute un ermite, puis d’autres à sa suite, ou simultanément. L’endroit, appelé « Val ténébreux » était tout ce qu’ils pouvaient désirer pour mener leur vie de prière et de solitude.
Une attractivité croissante. Les Bénédictins, qui prirent la suite des ermites, entreprennent les premières grandes campagnes de construction, et organisent le paysage autant qu’ils le peuvent dans le but d’accueillir des pèlerins de plus en plus nombreux. Ces derniers affluent de plus belle à partir de 1166, suite à la découverte d’un corps « miraculeusement » intact, qu’on a alors supposé être celui d’un ermite nommé Amadour. Robert de Thorigny, abbé du Mont Saint-Michel à partir de 1154, en rapporte les circonstances : « L’an de l’Incarnation 1166, un habitant du pays, étant à ses derniers moments, commanda aux siens, sans doute par une inspiration de Dieu, d’ensevelir son cadavre à l’entrée de l’oratoire. En creusant la terre, on trouva le corps d’Amadour, bien entier ; on le plaça dans l’église, près de l’autel, et on le montra ainsi, dans son entier, aux pèlerins. Là, se font par la bienheureuse Marie, des miracles sans nombre. »
La construction du site. La réputation de Rocamadour se répand alors et le pèlerinage commence à prendre rang parmi les grands lieux spirituels du Moyen Âge. Une campagne de construction ambitieuse lui donne dans les grandes lignes l’aspect qu’on lui voit aujourd’hui. Le grand escalier, véritable lieu d’ascension spirituelle et de mortification (jusqu’à une époque récente, tous les pèlerins le gravissaient à genoux), conduit les pèlerins de la ville basse au parvis. Ils découvrent alors un vaste espace dégagé entouré de sept églises ou chapelles, la plus grande étant la basilique Saint-Sauveur, l’ancienne église abbatiale, et la plus importante, la chapelle où est conservée depuis huit siècles la statue de la Vierge de Rocamadour. La plupart des bâtiments ont été construits aux XIe et XIIe siècle, sous l’abbatiat de Géraud d’Escorailles, abbé de Saint-Martin de Tulle (1152-1188). Ils ont été plus ou moins restaurés lors de la campagne de sauvetage du milieu du XIXe siècle.
La Vierge Marie et Rocamadour. Dès son origine, ce site est dédié au culte marial. Il y eut d’abord un petit oratoire, une humble grotte, plusieurs fois reconstruit (notamment après un incendie en 1476) et agrandi, jusqu’à devenir la chapelle Notre-Dame, ou « chapelle miraculeuse », de style gothique flamboyant. La statue qu’elle contient est une vierge noire du XIIe siècle, constituée de deux pièces de bois de noyer : Marie elle-même, aux mains tendues et au léger sourire, et l’Enfant-Jésus, assis sur son genou gauche. Elle est particulièrement vénérée le 8 septembre, fête de la Nativité de la Vierge. La Vierge Marie assise en majesté attend les visiteurs et offre son Fils au monde. Elle est à la fois la Reine de la paix, et celle qui délivre les prisonniers repentis ou injustement enchaînés. Le Livre des miracles (1172), récit de 126 grâces obtenues par l’intercession de Notre Dame de Rocamadour, est un éclairage saisissant sur la foi de ce « beau XIIe siècle » qu’on a coutume de considérer comme l’âge d’or de la chrétienté.
Une tradition rapporte que, lors d’un pèlerinage à Rocamadour, saint Dominique passa la nuit dans le sanctuaire, nuit au cours de laquelle la Vierge Marie lui a révélé la puissance du rosaire.
Un lieu spirituel pour les plus grands. Rocamadour, situé aux confins du comté de Toulouse (puis des territoires directs du roi de France) et du duché d’Aquitaine devient un enjeu spirituel entre les monarchies française et anglaise. Vinrent à Rocamadour tous les rois de France du XIIe siècle jusqu’à Louis XI (en particulier saint Louis, ses frères, sa mère, Blanche de Castille en 1244), Henri II d’Angleterre (1159 -1170) qui vint remercier de sa guérison d’une maladie grave, Aliénor d’Aquitaine, Alphonse III de Portugal, des saints comme saint Dominique (1219) et saint Antoine de Padoue (vers 1224), Christophe de Romagne, compagnon de saint François d’Assise, Raymond Lulle, le navigateur Jacques Cartier… Notre Dame de Rocamadour a été présente aussi dans tout le mouvement de « reconquête » de l’Espagne sur les Maures. Ainsi en 1212, son étendard était déployé à la célèbre bataille de Las Navas de Tolosa. Mieux, c’est la vue de cet étendard qui aurait redonné le courage aux troupes chrétiennes inférieures en nombre de repartir à l’assaut et d’obtenir la victoire.
Les « Grands pardons » de Rocamadour. En 1317, le pape quercynois Jean XXII érige l’abbaye de Tulle en évêché. Les moines sont remplacés par des chanoines qui assurent le service du pèlerinage jusqu’à la Révolution. En 1428, Charles VII, encore petit « roi de Bourges », en grand danger de perdre son royaume, demande au pape Martin V d’accorder des indulgences particulières aux pèlerins de Rocamadour. Il implore une intervention miraculeuse de Notre-Dame de Rocamadour et prie pour être sacré à Reims.
Prière à Notre Dame de ROCAMADOUR
Me voici devant vous, ô Notre-Dame de Rocamadour, qui toujours exaucez les prières de ceux qui ont recours à vous. Donnez moi la santé du corps pour servir Dieu et me consacrer à mes frères les hommes.
Donnez aussi ce bien précieux à tous ceux que j ’aime en ce monde. Je vous confie toutes ces vies qui me sont chères.
Ayez pitié de ceux qui souffrent dans leur corps ou dans leur âme, vous qui êtes la mère de tous les hommes.
Avec la santé du corps, accordez nous la santé de l ’âme. Au milieu des épreuves et des soucis de la vie, gardez nous la Foi, une Foi solide comme ce rocher qui vous abrite et où vous accueillez avec amour tant de vos enfants.
Notre Dame de Rocamadour, Gardez-nous, sauvez-nous.
Source et article complet sur : Notre histoire avec Marie