Il faut investir au Nigeria pour y créer des emplois tout comme il faut lancer des campagnes efficaces afin de décourager les nigérians de tenter leur chance en Europe en se livrant à des trafiquants d’êtres humains privés de scrupules.
C’est ce qu’affirment trois Evêques nigérians, Leurs Excellences NN.SS. Joseph Bagobiri, Alaba Job et Julius Adelakun, respectivement Evêque de Kafanchan, Archevêque émérite d’Ibadan et Evêque émérite d’Oyo, dans un entretien accordé au Catholic News Service.
La découverte d’un marché aux esclaves en Libye sur lequel étaient vendues des personnes provenant d’Afrique occidentale suscite une forte émotion au Nigeria dont provient la majeure partie des personnes réduites en esclavage précitées. Début décembre, le gouvernement nigérian a rapatrié de Libye quelques 3.000 de ses ressortissants. Selon Mgr Bagobiri, ces personnes étaient disposées à payer jusqu’à 1.400 USD pour se rendre en Libye et de là chercher à atteindre l’Europe dans l’espoir d’y trouver une vie meilleure.
« Si chacune de ces personnes avait investi cette somme de manière créative au Nigeria, dans des entreprises réalisables, elles seraient devenues employeurs » souligne Mgr Bagobiri. « En revanche, elles ont fini réduites en esclavage et soumises à d’autres formes de traitement inhumain de la part de libyens ! ».
« Le gouvernement nigérian devrait leur faire comprendre qu’il existe plus d’espoirs de survie au Nigeria que ce qu’ils pensent trouver en Europe ou en d’autres lieux » ajoute Mgr Bagobiri. « Dans ce pays, il existe des richesses et des ressources immenses. Les nigérians ne devraient pas devenir des mendiants en quittant le Nigeria à la recherche d’une richesse illusoire à l’étranger » souligne l’Evêque de Kafanchan.
« De nombreux nigérians voyagent dans le monde développé afin de bénéficier du développement réalisé par leurs gouvernements mais nous nous sommes refusés de développer notre pays » souligne pour sa part Mgr Adelakun. « Commençons à développer notre pays afin de le rendre attrayant et favorable à la vie, de manière à ce que ce soient les étrangers à vouloir venir chez nous » a-t-il conclu.
Le Nigeria, outre à être riche en pétrole, dispose de terres cultivables et d’autres richesses naturelles qui ne sont pas encore totalement exploitées. L’indice de corruption perçue fourni par l’ONG Transparency International classe le Nigeria au 136ème rang sur un total de 176 Etats du monde examinés. La corruption freine le développement économique en suscitant le découragement et la déception, surtout chez les jeunes qui sont dès lors tentés par le chemin de l’immigration, même clandestine, risquant de les conduire entre les mains de trafiquants d’êtres humains.