Abuja – « Le moment est venu que le Président choisisse de se retirer avec honneur pour sauver la nation de l’effondrement complet ». C’est en ces termes que les Evêques du Nigeria demandent la démission du Chef de l’Etat, Muhammadu Buhari, dans un communiqué parvenu à l’Agence Fides et publié après le massacre du 24 avril dans le village de Mbalom (voir Fides 25/04/2018), dans le cadre duquel ont perdu la vie deux prêtres, les Pères Joseph Gor et Félix Tyolaha, ainsi que 15 de leurs paroissiens.
Les Evêques du Nigeria, actuellement à Rome dans le cadre de la visite Ad limina apostolorum, se déclarent choqués et attristés par le massacre. « Ces âmes innocentes ont été tuées par une bande mauvaise et inhumaine. Les terroriste ont transformé le centre du Nigeria et d’autres zones du pays en un immense cimetière ».
« Le 3 janvier, le Père Gor avait envoyé un message à partir de son compte tweeter ainsi conçu : « Nous vivons dans la peur. Les Fulanis sont encore ici, dans les environs de Mbalom. Ils refusent de s’en aller. Ils font encore paître leurs troupeaux. Nous n’avons pas d’armes pour nous défendre » – indique le communiqué. « Leurs demandes désespérées d’aide et de sécurité sont demeurées vaines, n’étant pas écoutées par ceux qui auraient dû le faire » affirment les Evêques se référant aux deux prêtres tués. « Ils auraient pu fuir mais, demeurant fidèles à leur vocation, ils sont restés pour servir leur peuple jusqu’à la mort ».
Les Evêques imputent au gouvernement fédéral et à ses agences de sécurité la responsabilité de l’insécurité. « Comment est-il possible que le gouvernement fédéral se rétracte alors que ses forces de sécurité ferment délibérément les yeux devant les cris et les gémissements de citoyens sans défense qui constituent des proies faciles dans leurs maisons, leurs fermes, leurs rues et maintenant même dans leurs lieux de culte ? ».
« Depuis deux ans, la Conférence épiscopale, en compagnie de nombreux autres nigérians de bonne volonté, a demandé continuellement au Président de repenser la configuration des services de sécurité et la stratégie de sécurisation mise en œuvre – rappelle le communiqué. Avec des millions de nigérians, nous avons exprimé notre manque de confiance dans les agences de sécurité que le Président a délibérément placé entre les mains d’adhérents à une seule religion ». Le 8 février dernier, une délégation d’Evêques avait rendu visite au Président et avait, à cette occasion, repris l’alarme lancée par la Conférence épiscopale en matière de sécurité de la nation (voir Fides 09/02/2018). « Depuis lors – souligne le communiqué – le bain de sang et la destruction de maisons et de fermes ont augmenté en intensité et en horreur ». « En tant que chrétiens, nous nous sentons trahis dans une nation pour laquelle nous continuons à prier et à nous sacrifier ». « Vu que le Président ne parvient pas à garantir la sécurité du pays, il a perdu la confiance des citoyens » affirment les Evêques qui demandent par suite au Chef de l’Etat de démissionner.
Source : Agence Fides (27/04/2018)