L’archevêque de Strasbourg, Mgr Luc Ravel, a publié vendredi une longue lettre pastorale pour relire et affronter la crise des abus sexuels dans l’Église. Entretien.
La Croix : Votre lettre s’intitule : « Mieux vaut tard ». En 2016, vous avez été interpellé, avec les évêques de France, par La Parole libérée. Comment se fait-il que vous n’ayez pas pris la plume dès ce moment-là ?
Mgr Luc Ravel : Pour une raison toute simple, et je parle pour moi. Ce genre de texte ne peut sortir que d’un cœur touché, poussé par une sorte d’urgence. Dans mon précédent poste d’évêque, au diocèse aux armées, je n’ai été mêlé, et encore très tardivement, qu’à un seul cas qui avait été jugé au canonique et au civil, sans possibilité de rencontrer la victime. Je n’avais qu’une vision, j’ose dire, intellectuelle et théorique des choses. Mais ces cinq dernières années, au fur et à mesure des révélations, et grâce aux 15-20 victimes que j’ai entendues depuis 14 mois dans mon diocèse, la naïveté qui m’habitait a été entièrement déconstruite.Je savais qu’il y avait des pervers dans l’Église comme ailleurs, mais j’ai compris qu’il s’agit d’une gangrène qui attaque certains de ses membres et que tout l’organisme transpire de fièvre. Je consonne avec tous ceux qui diront que ma lettre arrive très tard. Je le reconnais par son titre même. Mais je n’accepte pas qu’on dise que c’est trop tard car je crois qu’on peut encore agir.
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