Chers Fils et chères Filles,
Voici le Carême ! Écoutez-Nous un instant ! Le Carême est une période favorable, le « tempus acceptabile » dont parle la liturgie, pour nous préparer à célébrer dignement le Mystère Pascal. C’est une période assurément austère, mais féconde et déjà porteuse de renouveau comme un printemps spirituel. Nous devons raviver le sens du devoir et le désir de correspondre, concrètement, aux exigences d’une vie chrétienne authentique.
Voici bientôt dix ans, notre Encyclique Populorum Progressio sur le développement des peuples était comme un «cri d’angoisse, au nom du Seigneur», lancé aux communautés chrétiennes et à tous les hommes de bonne volonté. Aujourd’hui, en ce début du temps liturgique du Carême, Nous voudrions répercuter cet appel solennel. Notre regard et notre cœur de Pasteur universel continuent en effet d’être bouleversés par la foule immense de ceux que toutes les sociétés du monde laissent sur le bord de la route, blessés dans leur corps et leur âme, spoliés de leur dignité humaine, sans pain, sans voix, sans défense, seuls dans la détresse !
Certes, nous éprouvons des difficultés à partager ce que nous avons, afin de contribuer à la disparition des inégalités d’un monde devenu injuste. Cependant, les déclarations de principes ne suffisent pas. C’est pourquoi, il est nécessaire et salutaire de nous rappeler que nous sommes les intendants des dons de Dieu, et que «la pénitence du temps du Carême ne doit pas être seulement intérieure et individuelle, mais aussi extérieure et sociale» (Vat. II, Const. Sacrosanctum Concilium, n. 110).
Allez au devant du pauvre Lazare qui souffre de faim et misère. Faites-vous son prochain, pour qu’il reconnaisse dans votre regard celui du Christ qui l’accueille, et dans vos mains celles du Seigneur qui répartit ses dons. Répondez aussi avec générosité aux appels qui vous seront adressés dans vos Églises particulières, pour soulager les plus déshérités et pour participer au progrès des peuples les plus démunis.
Nous vous rappelons les paroles du Seigneur Jésus, que l’Apôtre saint Paul a précieusement conservées, pour venir en aide aux faibles : « il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir» (Ac 20, 35). Et Nous vous exhortons tous, chers Fils et chères Filles, à purifier ainsi votre cœur pour accueillir les prochaines célébrations pascales et annoncer au monde la joyeuse nouvelle du Salut. Et Nous vous bénissons au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit.
PAULUS PP. VI