On comprend souvent un peu vite le mépris comme un succédané de l’orgueil alors que si les deux sont liés c’est de façon indirecte, comme conséquence d’une même cause : la peur. Le mépris, en effet, est cette combinaison bizarre de la haine et du dégoût. C’est donc une véritable répulsion. La haine en son fondement est une répulsion, une mise à distance, un refus. Au sens strict la haine n’est autre qu’une aversion, comme l’amour est une attirance. Le mépris, pour sa part, s’avère être une mise à distance impulsée par le dégoût. Il y a donc un mouvement commun dans le mépris et la haine, le rejet. Plus proche de la haine que de l’orgueil, le mépris est une forme particulière de haine qui trouve son impulsion dans le dégoût. Au fond de lui-même, le méprisant exprime un rejet qui vise à le tenir éloigné de l’objet de son mépris. Il y a dans ce rejet, un cordon sanitaire qui se traduit par « je ne suis pas ça ». Le mépris est le dégoût exprimé par le rejet comme protection d’une peur, celle d’être assimilé, contaminé par ce qui nous dégoute. Et en ce sens, le mépris rejoint l’orgueil, puisque l’orgueil est avant tout ancré dans l’image que l’on a ou que l’on veut donner de soi. Mais le mouvement du mépris est l’aversion, le rejet, au sens strict la haine. Derrière le mépris se pose la question de savoir, pourquoi cette chose nous dégoûte et en second lieu en quoi cette chose ou personne dégoûtante est un risque pour l’image que j’ai ou veux donner de moi.
Source Cyrano.net