Mélenchon, plus chrétien que Fillon. Mélenchon de morale chrétienne. Mélenchon et la symbolique chrétienne. C’est ce que soutient Patrick Buisson dans une tribune du Point.
La déliquescence du PS libère un espace qui était cadré par le candidat socialiste, qui n’existe plus. L’électorat de gauche qui va vers Mélenchon retrouve des repères et une vision du monde antérieurs à ce moment où le PS a mis l’accent sur les problèmes sociétaux et abandonné les questions sociales. En outre, Mélenchon est, avec Marine Le Pen, le seul à véritablement parler de religion dans cette campagne. Même s’il déclare « foutez-nous la paix avec les Églises ! », il adopte un discours qui emprunte des symboles à la spiritualité. À Marseille, il avait un rameau pour évoquer la Méditerranée. Un franc-maçon qui arbore des rameaux, le jour des Rameaux ! Il prend la posture des hussards noirs de la République qui combattaient l’Église facialement, mais partageaient la même morale civique que les curés. Il campe la figure de l’instituteur de l’école émancipatrice des années 1880.N’est-ce pas ce qu’il a toujours été ? Absolument. Il porte une des deux vertus chrétiennes « devenues folles » chères à Chesterton et qui est le ressort dialectique de toute l’histoire de l’Occident entre le libre arbitre et la grâce. Dans la version marxiste, le culte de l’homme jusqu’à la mort de Dieu. Et dans la version capitaliste, l’absence de libre arbitre total. Mélenchon incarne un vote de classe, archaïque, qui plonge ses racines dans une spiritualité qu’il prétend combattre. Si le christianisme est le refus de la domination absolue de la marchandise, c’est-à-dire ce que la Bible condamne comme le culte des idoles, Mélenchon est plus chrétien que Fillon lorsque celui-ci se rend à Las Vegas ou entend faire de la France une smart nation.