Cécile Edel, présidente de la Marche pour la vie répond au Rouge et le Noir
R&N : 40 ans après la loi Veil, l’avortement est toujours un sujet polémique dans la vie politique française. Est-ce l’une des raisons qui poussent le gouvernement actuel à chercher à museler les voix de ceux qui proposent des alternatives à l’avortement ?
Cécile Edel : Contrairement à d’autres pays comme l’Italie ou l’Allemagne, qui d’ailleurs ces dernières années ont connu une baisse significative du nombre d’avortements, en France, nos gouvernements successifs, de gauche comme de droite ont persisté à enfermer ce sujet dans un débat idéologique qui date maintenant des années 60 et de la mouvance féministe de l’époque. La loi de 1975 légalisant l’avortement a été érigée en veau d’or et il est de ce fait absolument impossible dans notre pays d’engager un débat apaisé et objectif sur cet acte. Acte qui devrait pourtant avant tout être considéré comme un problème de santé publique et ainsi faire l’objet d’un véritable programme de prévention et non comme un acte hautement symbolique, et donc intouchable, de la libération totale de la femme.
Car au fond, tout le monde le sait bien : “la meilleure IVG, c’est celle que l’on évite !”
En tous cas, il est un fait acquis, que depuis 5 années, loin de s’être apaisé, le débat sur l’IVG est devenu, avec l’arrivée des socialistes au pouvoir, encore plus difficile. Nous assistons à une véritable obsession du gouvernement, une réelle radicalisation idéologique en faveur de l’avortement, qui n’est pas nouvelle mais qui s’amplifie, au fur et à mesure que la résistance des acteurs pro-vie s’organise. L’illustration la plus significative, selon moi, est bien la revendication et la reconnaissance d’un véritable droit fondamental à l’avortement qui vient transcender l’ensemble des autres droits, parmi lesquels le droit à la vie pourtant bien présent dans notre législation et dans notre constitution.
Le gouvernement adopte ainsi une politique de déni de la réalité, il refuse obstinément de reconnaître les réalités qui entourent l’avortement : négation des pressions entourant les femmes, échec des diverses campagnes de promotion de la contraception censées faire diminuer le nombre d’IVG, aveuglement volontaire autour des conséquences physiques et psychologiques entourant cet acte.
On passe du silence et du tabou qui entouraient jusque-là les questions relatives à l’avortement à une offensive gouvernementale qui prend la forme du totalitarisme à travers les atteintes à la liberté d’expression des défenseurs de la vie. En effet, nous sentons bien combien, plus ces derniers sont actifs, persévérants, déterminés et résistants, plus ils gênent ceux qui, non seulement considèrent l’avortement comme l’eldorado pour la femme, mais aussi et surtout ceux qui revendiquent la sacro-sainte liberté d’expression et d’opinion à condition que cette opinion soit la même que la leur !
Notre gouvernement a donc tout simplement décidé de réduire au silence ceux qui ne pensent pas comme lui !
R&N : La gauche a pris différentes mesures tout au long de ce quinquennat pour étendre l’avortement. Pensez-vous qu’un gouvernement de droite reviendrait sur ces mesures (et particulièrement sur l’extension du délit d’entrave) s’il était élu en 2017 ?
Cécile Edel : Nous ne devons rien attendre… mais tout espérer !
Au vu de l’Histoire, je ne pense malheureusement pas qu’il nous faille être trop optimistes… Les différents quinquennats qui ont précédé celui de François Hollande, qu’ils soient de gauche ou de droite, nous ont montré que la question du respect de la vie, et plus généralement, celle du développement d’une véritable politique familiale encourageant la maternité et l’aide aux femmes enceintes en difficulté à choisir la vie, n’étaient pas au cœur des programmes !
Ces dernières semaines, la question de l’avortement s’est pourtant invitée dans les débats des primaires de la droite et j’ai pu constater que l’insulte suprême entre candidats semblait être d’être taxé de « contre l’avortement » ! J’ai assisté à cet aveu quasi général, à l’exception de Jean-Frédéric Poisson, du droit à l’avortement comme un droit acquis sur lequel nul ne reviendrait, et ce, en dépit de sa reconnaissance comme un drame. Si beaucoup d’hommes politiques s’accordent à reconnaître que l’avortement est toujours un drame, peu sont décidés à prendre des mesures claires pour en réduire le nombre. Je ne peux donc aujourd’hui qu’espérer un sursaut dans la prise de conscience des politiques, autour des réalités qui entourent l’IVG et vais poursuivre, au sein de Choisir la Vie, les campagnes de sensibilisation en ce sens.