Populisme, clivage droite-gauche, exercice du pouvoir… Le philosophe et historien incontournable livre ses réflexions. « Macron a incarné le volontarisme. Mais cela ne fait pas une doctrine, et cela ne dissout pas les clivages fondamentaux qui demeurent », dit-il.
Marcel Gauchet est directeur d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS) et rédacteur en chef de la revue Le Débat. Il est notamment l’auteur de L’Avènement de la démocratie, tome IV. Le nouveau monde (Gallimard, 2017).
Emmanuel Macron se définit comme progressiste. Pourquoi ?
Il faut d’abord resituer l’enjeu politique de la démarche. Il s’agit de pourvoir le Président et le mouvement qui l’appuie d’une doctrine. Emmanuel Macron est à un moment un peu particulier de son quinquennat : la première année, lui seul a existé. A ses côtés, La République en marche a été un mouvement d’appui parlementaire, sans aucune consistance intellectuelle ou doctrinale. A l’approche d’une échéance électorale, c’est un peu court de tout jouer sur la personnalisation du pouvoir. Il y a besoin d’une ligne politique compréhensible par les électeurs, en dehors de la simple adhésion au personnage Macron lui-même, qui, du reste, est un peu une énigme pour le pays. Tant que l’on se souvient de ce qu’étaient la droite et la gauche d’avant, on comprend le projet de les dépasser.