Suite à la décision de maintenir le texte d’orientation permettant la pratique de l’euthanasie chez les patients psychiatriques dans certaines conditions au sein de leurs établissements en Belgique (cf. Euthanasie : les frères de la charité en Belgique passent outre les recommandations de Rome), le frère René Stockman, Supérieur général des Frères de la Charité, ne mâche pas ses mots. Dans un texte publié sur le site de la Congrégation, il explique : « C’est avec honte que j’ai appris, le mardi 12 septembre, le verdict final ». Et plus loin : « J’étais encore plus surpris de lire qu’ils ont considéré leur décision en conformité même avec la doctrine catholique et l’ont décrite comme une sorte d’assistance miséricordieuse ».
Le religieux rappelle que « le respect de la vie est absolu et qu’il précède et surpasse les autres valeurs fondamentales ». Il dénonce la position inacceptable pour l’Ordre de l’organisation belge qui considère en préambule que « cette inviolabilité de la vie n’est plus absolue, bien que fondamentale encore – même plus fondamentale que l’autonomie du patient et la relation de soins – mais qui en fin de compte, dans des circonstances exceptionnelles, peut être subordonnée à l’autodétermination du patient ». De facto, « l’autodétermination en tant que valeur obtient dans les faits une appréciation plus élevée que l’inviolabilité de la personne ». Elle « est considérée comme le ‘bien’ ultime ». Or, « le respect absolu de la vie est, à mon avis, une valeur universelle et ne peut pas être écarté comme une donnée liée à la culture ».
Frère René Stockman s’interroge ensuite sur les perspectives « sans issue » qui peuvent se présenter pour certains patients psychiatriques : « Et est-il possible que l’euthanasie soit considérée comme une ‘thérapie ultime’ lorsque d’autres formes de thérapies échouent et que nous finissons alors par considérer quelqu’un comme incapable de recevoir encore un traitement ? Ne devrait-on pas plutôt investir encore davantage dans de nouvelles thérapies, des modèles de soins et des médicaments pour ces patients et dans le développement d’une psychiatrie palliative ? ». Il ajoute que les avis d’experts sur ce point diffèrent de celui de l’organisation belge. En effet, ceux-ci « se gardent de faire le lien entre la perspective sans issue, le fait de ne plus pouvoir être traité et l’euthanasie ».
Il remet en cause la compétence du Conseil d’Administration en matière de soins de santé mentale, et dénonce les « contradictions internes » du texte d’orientation dont il explique qu’elles sont porteuses de « conséquences juridiques négatives de grande portée sur plusieurs domaines, qu’un certain nombre de juristes ont déjà relevées à plusieurs reprises ».
« L’euthanasie n’est pas un acte thérapeutique ni un acte médical qui appartient à la liberté thérapeutique du médecin, même si elle est pratiquée par un médecin. (…) En effet, ce n’est pas dans la nature de la médecine de tuer intentionnellement, même si la mort est finalement inévitable, et personne ne milite pour prolonger la vie coûte que coûte », explique le Supérieur de l’Ordre qui s’étonne des dérives idéologiques que suppose la prise de position belge. « L’euthanasie, c’est toujours tuer un autre être humain, même si cela se fait avec le plus grand soin possible. Pour l’amour de Dieu, comment cela correspond-il à notre charisme de la charité, le charisme de la vie ? »
Il n’évoque, pour l’heure, aucune mesure disciplinaire à l’égard de l’organisation belge des Frères de la Charité, espérant un dernier sursaut.