Dans le monde des chercheurs de l’histoire des premiers siècles de l’Eglise, voici la récente publication du deuxième tome de l’ouvrage monumental du P. Michel Dujarier,Église-Fraternité. L’ecclésiologie du Christ-Frère aux huit premiers siècles.
Après un premier tome, L’Église s’appelle « Fraternité », consacré aux trois premiers siècles du christianisme (publié en 2013), l’auteur s’est intéressé aux IVe et Ve siècles, dans ce volume de près de 900 pages, intitulé L’Église est Fraternité en Christ (IV°-V° siècle) (Cerf, coll. Patrimoines, 2016, 862 p., 39 euros). Un troisième tome est en préparation, qui couvrira le reste de la période annoncée dans le titre général.
Dès sa naissance, l’Église du Christ a été désignée du nom de « Fraternité » (adelphotès). Le premier volume de cette étude l’a clairement démontré. Il est évident que, au cours des trois premiers siècles, ce mot était même le nom propre de l’Église.
Le deuxième volume de cette recherche manifeste que, contrairement à une idée répandue, ce titre a continué d’être utilisé durant les IVe et Ve siècles. Mais quel est le fondement de cette appellation ? L’analyse précise des textes prouve que, à partir du milieu du IVe siècle, ce terme a été employé pour exprimer notre lien fraternel avec le Christ. Tout en demeurant « Seigneur », celui-ci a voulu, par son incarnation, se faire le « Frère en vie humaine » de tous les hommes et femmes de tous les temps.
Mais, à tous, il propose de vivre plus profondément ce lien de fraternité en recevant librement la vie de Dieu à travers les sacrements. C’est ainsi que, par le baptême dans l’Esprit d’Amour, le Christ devient notre « Frère en vie divine » et que, par l’Eucharistie, ce lien vital de fraternité avec lui ne cesse de se renforcer.
C’est une véritable « théologie du Christ-Frère » qui s’est ainsi développée au sein de l’« Église-Fraternité ». Les nombreux textes des Pères présentés ici sont d’une richesse immense. Il est indispensable de les découvrir et de les remettre en valeur. Alors pourra se développer cet « amour fraternel » (philadelphia), effectif et ouvert à tous, caractéristique de l’Église.
Michel Dujarier, prêtre de Tours, a été au service du diocèse de Cotonou (Bénin) de 1961 à 1994. De 1994 à 2000, il fut chargé de l’accompagnement des prêtres français travaillant, au titre de Fidei Donum, en Afrique, Asie et Océanie. Docteur en théologie, il a enseigné la patrologie au Grand séminaire de Ouidah et à l’Institut catholique d’Abidjan, tout en exerçant d’importantes fonctions pastorales.