Bien connu de nos lecteurs, nous proposons pour l’été une lecture d’actualité, avec ce livre de Pierre de Lauzun, paru en 2008, Christianisme et croissance économique
C’est en Occident qu’est née au XVIIIe siècle une mutation radicale de la vie collective de l’humanité : l’économie moderne. Or l’Occident est par excellence la société façonnée par le christianisme. C’est lui qui l’a doté des caractéristiques essentielles directement ou indirectement à l’origine de ce décollage : la notion de personne humaine, son autonomie au sein de la société, sa liberté, la distinction du temporel et du spirituel, la valorisation du travail, l’encouragement au progrès matériel et à l’innovation, la rationalité des lois de la nature, etc. En bref, la Raison, l’Histoire, la Personne et le Travail. On en voit les effets au Moyen Âge caractérisé par une expansion et une innovation impressionnantes. Le rôle de l’Église y est essentiel, tant par l’exemple avec les monastères, que par la réflexion : la pensée économique moderne démarre avec la scolastique. Cette matrice spirituelle et culturelle a permis le décollage du XVIIIe siècle. Mais ce décollage exploitant les dons issus du christianisme s’est accompagné d’une mise à distance progressive de la foi par l’Occident. S’il n’est pas décisif dans l’explication du tournant, cet éloignement toujours plus marqué donne une signification très spécifique à notre société, de plus en plus matérialiste, et la première dans l’histoire à tenter de vivre sans religion. Mais comment cela sera-t-il possible sur la durée, si une foi a été décisive pour qu’elle naisse ?