Un accord a été signé, dimanche 27 novembre, entre l’Institut dominicain d’études orientales (Idéo) et deux facultés de l’université Al-Azhar. Il prévoit l’organisation d’activités communes en français dans le domaine des études islamiques. Un comité de pilotage sera chargé d’examiner et de valider les projets de coopération qui lui seront soumis.
Créé en 1953 par l’Ordre dominicain, à la demande de l’Eglise catholique, l’Institut dominicain d’Etudes orientales (IDEO) est un groupe de chercheurs, pour la plupart religieux dominicains, qui se concentrent sur l’étude objective et libre des traditions culturelles et religieuses chrétiennes et musulmanes. Al-Azhar est une des plus anciennes universités islamiques encore active au monde et une des principales universités actuelles d’étude de l’Islam. Elle a été fondée au Caire après la construction de la mosquée Al-Azhar en 969, et se prétend aujourd’hui être la plus haute autorité sunnite.
Depuis quelques années, l’université d’Al-Azhar développe des accords de partenariat avec d’autres institutions, européennes entre autres, dans divers domaines, y compris la médecine ou la littérature. Un moyen de faciliter l’obtention de bourses ou d’échanges universitaires pour ses étudiants. L’Idéo pourrait par exemple faciliter l’obtention de bourses aux étudiants égyptiens désireux de venir étudier la langue et la civilisation arabe en France, à Strasbourg, Aix-en-Provence ou à la Sorbonne. C’est aussi un moyen pour Al-Azhar d’essayer de diffuser, au sein de l’université, la politique d’« ouverture » impulsée par Ahmed al Tayeb au sein de la mashyakha (le siège du grand imam).
Un accord a ainsi été annoncé en 2015 et signé en 2016 entre la faculté des lettres d’Al-Azhar et celle de l’Institut catholique de Paris, prévoyant l’organisation de séminaires communs et des codirections de thèses.
L’originalité du partenariat signé avec l’Idéo est qu’il concerne explicitement les études islamiques. L’idée était en chantier depuis le 24 mars 2015, lorsque son directeur a été invité à donner une conférence dans la faculté des langues et traduction d’Al-Azhar. Des étudiants et leurs enseignants ont souhaité poursuivre et formaliser les échanges entre les deux institutions. Malgré l’appui du cheikh Aḥmad al Ṭayeb, les préparatifs ont pris du temps avant que le Conseil suprême d’Al-Azhar donne finalement son accord.
En Allemagne, des partenariats de ce type existent déjà, soutenus par le Service allemand des échanges universitaires (DAAD) et parfois des fondations privées. Les quelques facultés de théologie islamique créées ces dernières années dans les universités publiques allemandes (à Münster, Osnabrück ou Tübingen) – pour former sur place de futurs professeurs de religion et théologiens – ont, pour la plupart, signé des accords avec la section germanophone de la faculté des langues et traduction d’Al-Azhar.
L’Institut dominicain pourrait proposer à Al-Azhar de recevoir pour une conférence ses visiteurs – islamologues francophones – de passage. Voire y organiser son prochain colloque, après celui consacré au commentaire dans l’islam postclassique et qui s’était tenu au Caire du 14 au 16 janvier 2016. Une vingtaine d’islamologues de toutes nationalités y avaient présenté le résultat de leurs recherches, en français, anglais et arabe. Le président de l’Université d’Al-Azhar avait inauguré ce premier colloque de l’Idéo.