L’immigration, les réponses équilibrées de Mgr Aupetit

L’immigration, les réponses équilibrées de Mgr Aupetit

L’immigration, les réponses équilibrées, du nouvel archevêque de Paris, interrogé dans Le Monde :

L’accueil des migrants est un sujet qui mobilise ou qui trouble les croyants. Que leur dites-vous à ce sujet ?

C’est un sujet difficile. À Nanterre, j’ai relayé dès le lendemain l’appel du pape François [afin que les paroisses accueillent des réfugiés, en septembre 2015]. J’ai été étonné des réponses positives immédiates. Des gens ont mis à disposition un appartement, d’autres ont accueilli quelqu’un dans leur pavillon, des écoles catholiques ont ouvert leur porte avec la cantine gratuite, des professeurs de français se sont mis à disposition. Ces gens étaient en danger de mort.

Il y a peut-être une différence dans l’accueil de gens qui sont dans une situation de détresse absolue, pour qui on ouvre toutes les portes, et ceux qui viennent pour des raisons économiques. Là, ça passe effectivement moins bien au niveau des fidèles. Notre réflexion se base sur deux principes. Le premier, évangélique, c’est l’accueil inconditionnel des personnes. Le second, c’est le principe du bien commun : comment faire pour que chacun puisse trouver sa place, mais en pensant à tous les autres ? C’est à l’articulation des deux principes que se situe la crête, qui n’est pas facile à trouver. C’est pour cela qu’il peut y avoir des conflits.

Une partie des catholiques craignent la venue de migrants en trop grand nombre. Les évêques doivent-ils parler plus clairement ?

Il y a une crainte de l’insécurité culturelle. Lorsque j’étais médecin à Colombes, au départ, dans les cités, les gens vivaient très bien ensemble. On ne regardait pas qui était musulman ou chrétien. On se rendait des services entre personnes. Aujourd’hui, c’est ghettoïsé. Les mairies tentent de favoriser la mixité sociale, mais on est quand même très engagé vers le communautarisme.

Un imam m’a dit : « On n’a plus de contrôle sur nos jeunes, ce n’est plus nous qui les formons à la religion. Ils vont se former ailleurs. » Ailleurs, c’est sur Internet. Il y a là une vraie question à prendre à bras-le-corps. Nous avons des religieux et des religieuses dans les cités. Peu nombreux, mais reconnus comme tels. Ils essaient de faire du lien entre les personnes. Mais c’est vrai qu’il y a des zones de non-droit absolu, avec des choses terribles, où la police ne peut pas intervenir.

 

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