Approuvée par le pape François le 16 février 2018, la lettre de la congrégation pour la doctrine de la foi Placuit Deo, qui s’adresse aux évêques catholiques, a été rendue publique ce 1er mars. Elle entend rappeler certains aspects du salut chrétien et met en cause “deux déviances (…) lesquelles ressemblent par certains aspects à deux hérésies de l’Antiquité, le pélagianisme et le gnosticisme”. Elle fait écho aux critiques du pape François adressées à l’égard de certaines tendances contemporaines qui tendraient à centrer la question du salut sur l’individu et non sur le Christ.
Extrait de cette lettre doctrinale qui en résume significativement l’esprit:
4. L’individualisme néo-pélagien et le mépris néo-gnostique du corps défigurent la confession de foi au Christ, Sauveur unique et universel. Comment le Christ pourrait-il être le médiateur de l’Alliance avec toute la famille humaine, si l’homme est un individu isolé qui s’auto-réalise par ses seules forces, tel que le présente le néo-pélagianisme ? Comment le salut pourrait-il nous parvenir par l’Incarnation de Jésus, sa vie, sa mort et sa résurrection dans son véritable corps, s’il ne s’agissait que de libérer l’intériorité de l’homme des limites du corps et de la matière, selon la vision néo-gnostique ? Face à ces tendances, la présente Lettre veut redire que le salut consiste dans notre union avec le Christ qui, par son Incarnation, sa vie, sa mort et sa résurrection, a fait naître un nouvel ordre de relations avec le Père et entre les hommes, et nous a introduits dans cet ordre grâce au don de son Esprit, afin que nous puissions nous unir au Père comme fils dans le Fils, et devenir un seul corps dans « le premier-né de nombreux frères » (Rm 8, 29).
Cependant, Placuit Deo souligne aussi les limites de la comparaison entre les “déviances actuelles” et les hérésies de l’Antiquité. En effet, “il est clair, d’autre part, que la comparaison avec les hérésies pélagienne et gnostique ne peut évoquer que des traits communs généraux, sans entrer dans des jugements sur la nature exacte des erreurs antiques. En effet, il existe une grande différence entre le contexte sécularisé d’aujourd’hui et celui des premiers siècles chrétiens au cours desquels sont nées ces hérésies. Toutefois, dans la mesure où le gnosticisme et le pélagianisme représentent des dangers permanents de déformation de la foi biblique, il est possible de leur trouver une certaine ressemblance avec les mouvements contemporains que l’on vient de décrire.”