Delphine Téles est psychologue dans une équipe mobile de soins palliatifs du CHU Saint Denis de La Réunion, et titulaire du DU éthique, sciences médicales et société. Pour elle, les conséquences et les enjeux ouverts par la loi Leonetti d’anticiper sa fin de vie en l’inscrivant dans des directives anticipées désormais opposables aux médecins depuis l’adoption de la Loi Claeys-Leonetti, sacralise la notion d’autonomie du patient.
Elle s’interroge sur les effets possiblement délétères d’un tel dispositif : « Le culte de l’autonomie et l’exemption d’hétéronomie invitant le sujet à s’autonomiser, le poussant à s’auto-définir. Cette idée d’une désirabilité excessive d’autonomie trouve écho dans le terme de ‘barbarie douce’ développé par Jean-Pierre LE GOFF », qui souligne « l’injonction à l’autonomie présente dans nos sociétés où les individus sont sommés d’être autonomes, de se mobiliser, de s’inventer ».
« Cette valorisation de l’autonomie de nos sociétés occidentales contemporaines va infiltrer le système de santé et participer à la profonde mutation de la conception du patient », constate Delphine Téles. « Envisagé comme autonome, souverain et acteur de sa prise en charge, le patient change de statut et endosse un nouveau rôle. Progressivement, il est placé au centre du système de soins ». Le Patient devient « ‘patient contemporain’ faisant référence à l’apparition du patient acteur, auteur de son parcours de soins ». La relation se transforme, elle cite Jean-Philippe Pierron : « Le médecin-père mute en médecin-pair de l’usager ».
Pourtant, Delphine Téles s’interroge : « Quelle est la demande derrière la demande ? Et donc qu’induit-on lorsqu’on y répond sans pas de côté ? »
Source généthique.org