« Je souhaite à chacun d’entre nous de passer ces journées de l’octave de Pâques dans la foi, dans laquelle se prolonge le souvenir de la Résurrection du Christ. Saisissez toutes les bonnes occasions pour être témoins de la joie et de la paix du Seigneur ressuscité », recommande le pape François à l’occasion de la prière mariale du Regina Caeli, à midi, place Saint-Pierre, ce lundi de Pâques, 22 avril 2019.
Que faisait-on à Jérusalem en 384 ?
« Ces fêtes se célèbrent durant huit jours », non seulement à Jérusalem mais « partout » dit Égérie. Son le récit redevient plus détaillé car, à nouveau, les cérémonies se déroulent dans les différents « lieux saints » de Jérusalem, l’Église-mère, et des environs.
« Ces fêtes de Pâques se célèbrent durant huit jours, comme chez nous, et les offices ont lieu de la manière habituelle pendant les huit jours de Pâques, de la même manière qu’ils ont lieu partout au temps de Pâques jusqu’à l’octave. La splendeur et l’ordonnance sont ici les mêmes pendant l’octave de Pâques que pour l’Épiphanie, tant à l’église majeure qu’à l’Anastasis, à la Croix ou à l’Éléona, mais aussi à Bethléem, au Lazarium et partout parce que ce sont les fêtes pascales. » (39, 1)
Les offices de chaque jour durant la semaine de Pâques
« Le premier jour, le dimanche, on se rassemble à l’église majeure, c’est-à-dire au Martyrium ; de même le lundi, et le mardi. Toutefois, après le renvoi, on va toujours du Martyrium à l’Anastasis avec des hymnes. Le mercredi, on se rassemble à l’Éléona, le jeudi à l’Anastasis, le vendredi à Sion, le samedi devant la Croix, le dimanche de l’octave à nouveau à l’église majeure, au Martyrium. » (39, 1-2)
Ces assemblées sont celles où l’on célèbre l’eucharistie ; elles avaient lieu le matin. Il faut y ajouter les réunions des nouveaux baptisés à l’Anastasis, qui faisaient suite à ces assemblées ; celle habituelle de la sixième heure à l’Anastasis, puis, après le déjeuner, celle de la neuvième heure à l’Éléona et l’Imbomon, que sa longueur mène jusqu’au lucernaire ; pour le célébrer à l’Anastasis, on redescendait du Mont des Oliviers. Égérie précise le déroulement de ces réunions successives qui durent toute la journée jusque tard dans la nuit.
« Durant l’octave de Pâques, chaque jour après le déjeuner, l’évêque, avec tout le clergé et tous les néophytes, c’est-à-dire ceux qui ont été baptisés, tous les apotactites (ascètes) hommes et femmes, et tous ceux du peuple qui le veulent, montent à l’Éléona. On dit des hymnes, on fait des prières, tant à l’église de l’Éléona, où se trouve la grotte dans laquelle Jésus enseignait ses disciples, qu’à l’Imbomon, l’endroit où le Seigneur est monté aux cieux. Quand on a dit les psaumes et fait la prière, on descendait de là jusqu’à l’Anastasis, avec des hymnes, à l’heure du lucernaire. On fait cela pendant tout l’octave. » (39, 3-4)
Le dimanche de Pâques au soir
« Mais, le dimanche de Pâques, après le renvoi du lucernaire à l’Anastasis, tout le peuple escorte l’évêque à Sion, avec des hymnes. Lorsqu’on y est arrivé, on dit des hymnes appropriées au jour et au lieu, on fait une prière, on lit le passage de l’évangile où, ce même jour, dans le lieu même où se trouve maintenant l’église de Sion, le Seigneur entra, les portes closes, au milieu des disciples, alors qu’un des disciples, Thomas, était absent ; lorsqu’il revint et que les autres apôtres lui eurent dit qu’ils avaient vu le Seigneur, il dit : “Je ne crois pas si je ne vois pas.” Après cette lecture, on fait à nouveau une prière, les catéchumènes sont bénis, puis les fidèles, et chacun revient à sa maison le soir, à la deuxième heure de la nuit environ. » (39, 4-5)
Il y avait donc le soir de Pâques un office supplémentaire dans l’église de Sion, pour commémorer in situ l’apparition de Jésus ressuscité à ses disciples. C’est le premier événement localisé à Sion. Le Lectionnaire arménien indique qu’on lisait Jn 20, 19-25.
Françoise Thelamon, professeur d’histoire du christianisme