Les dix évêques du conseil permanent de la Conférence épiscopale française ont pris la plume un mois avant le scrutin européen plaidant auprès des catholiques et au-delà, pour une Europe de la paix qui porte des valeurs et principes communs.
Contre une Europe technocratique et inefficace
«Pour beaucoup de nos concitoyens l’Europe semble lointaine, technocratique, souvent inefficace», regrettent-ils d’emblée, invitant tout un chacun à voter d’une part, mais à voter en fonction des projets portés et non sur des enjeux nationaux comme il est souvent de rigueur lors de cette élection.
«Il ne s’agit pas de s’enfermer dans un schéma manichéen (pour ou contre l’Europe) mais de dire quelle Europe nous voulons, le modèle économique, social, culturel et spirituel qui nous semble le plus adapté pour notre continent aujourd’hui», précisent les dix évêques signataires.
Enjeux majeurs du quotidien
Selon eux, il est bon de rappeler tout l’enjeu du scrutin: les pouvoirs du Parlement européen ont été accrus au fil des ans, et beaucoup de décisions européennes influent sur notre vie quotidienne, par les politiques communes (agricole par exemple), l’échange des biens et services, la circulation des personnes, la mise en place depuis vingt ans d’une monnaie commune, l’harmonisation des réglementations, ou encore la politique commerciale internationale.
Préserver la paix
L’Europe, continent marqué par une histoire douloureuse et conflictuelle – trois guerres franco-allemandes en moins d’un siècle, deux guerres mondiales, totalitarismes -, doit tenir à consolider la paix à laquelle l’Église catholique a toujours été attentive.
«Si la paix en Europe semble aujourd’hui acquise pour les jeunes générations, rappelons-nous que la guerre est aussi à notre porte, hier dans les Balkans, aujourd’hui en Ukraine», alertent-ils.
Réfugiés et régulation commerciale
C’est pourtant cette histoire difficile qui a permis à l’Europe de progresser vers une vision de l’homme et de la société qui comporte un grand nombre de valeurs et de principes communs entre nos pays (droits humains, respect de la personne, solidarité et recherche d’un bien commun), dont beaucoup sont issus du christianisme, avance l’épiscopat français, qui n’oublie pas la question des migrants, «que l’on ne doit pas régler au niveau national», ni la place de l’Europe dans le monde.
Devant les mutations très rapides des équilibres géopolitiques entre grandes puissances, les évêques plaident pour des relations internationales «mieux organisées et davantage régulées, du point de vue politique, économique et commercial».
«Catholiques de France et d’Europe, prions les saints patrons de notre continent pour ses habitants et ses élus», enjoignent-ils.
Un colloque organisé par les évêques
Cette lettre des évêques français parait le jour de l’ouverture d’un colloque tenu au siège de la CEF à Paris, les 25 et 26 mars, et co-organisés par les épiscopats suisse, allemand et français sur le thème des élections européennes. Thomas de Maizière, ancien ministre de la Défense allemand, Sylvie Goulard, ancienne ministre aux Armés et ancienne eurodéputée ou encore Enrico Letta, ancien président du Conseil italien, interviendront, entre autres.