Les épiscopats allemand et français veulent utiliser leurs écoles et mouvements de jeunes pour l’accueil des réfugiés

Les épiscopats allemand et français veulent utiliser leurs écoles et mouvements de jeunes pour l’accueil des réfugiés

A l’occasion de la journée du migrant et de l’appel du pape François, les évêques français et allemands souhaitent une vaste mobilisation.

«En 2015 il y avait plus de 65 millions de réfugiés à travers le monde dont plus de la moitié étaient des mineurs», constatent-ils.

S’il est «plus que jamais nécessaire de lutter contre les causes de départ», les évêques insistent pour que ces jeunes «qui ont dû subir de graves blessures dans leur corps comme dans leur âme»(…) «trouvent dans nos pays une nouvelle patrie».

Une invitation qui ne va pas manquer de déclencher une nouvelle polémique, alors que l’Eglise vit en ce moment, avec la Sainte Famille, la fuite en Egypte. Cela dit, Joseph emmenant Marie et l’Enfant ne cherchait pas une nouvelle patrie, mais un refuge provisoire, le temps de rentrer chez eux. Et c’est bien l’appel des religieux, patriarches en tête, en Orient. Leur vœux est que les réfugiés puissent revenir dans leur patrie.

Inviter à accueillir ceux qui sont en fuite n’est pas du même ordre que les installer à demeure. Insister sur cette distinction déminerait pourtant le terrain rendu phobique par le nombre sans cesse croissant de réfugiés dont de nombreux musulmans. Certes la religion ou la couleur ne sont en rien discriminantes pour la charité, mais nier le problème religieux et culturel dans l’accueil de l’étranger, fut-il vu comme notre frère, est le plus sûr moyen de fermer les portes et les cœurs.

Les chrétiens sont ainsi appelés «à adopter la perspective des sans-droits, à leur prêter leur voix et à défendre leur dignité avec une charité active».

Radio Vatican rapporte que les évêques observent qu’avec ses établissements scolaires, ses organismes sociaux, ses mouvements de jeunes, ses associations ecclésiales et ses communautés religieuses, l’Église catholique en Allemagne et en France dispose de nombreuses ressources pour accompagner les mineurs migrants vers une vie autonome.

Les gouvernants ont, rappellent-ils, «le devoir de garantir les conditions juridiques et administratives permettant aux mineurs migrants de mener une vie digne chez nous». «Tout enfant – indépendamment de son origine et de son statut – doit avoir la possibilité de vivre, d’apprendre, de jouer et de rire dans un entourage sûr (…) laissant derrière lui les ombres du passé».

Et c’est sur une note d’espérance, poursuit Radio Vatican, que les évêques concluent leur message saluant «la bonne collaboration entre les acteurs de l’Église, de la société civile et de l’État» et en particulier l’engagement de tous ceux qui œuvrent de manière bénévole pour «une culture d’accueil et de solidarité». «Grâce à toutes ces personnes, beaucoup de migrants mineurs se sentent reconnus comme personnes dans nos sociétés et entrevoient une perspective pour leur futur !».

La question, qui n’est pas neutre, est de savoir comment nos prélats entendent utiliser ces écoles et mouvements de jeunes. Sans prudence, ils risquent bien une nouvelle levée de bouclier ou une fuite en rang par quatre vers les établissements hors contrat. Tout éducateur sait que pour accueillir sereinement, il faut d’abord être ancré dans sa propre identité. Ce qui n’est pas le cas des jeunes en formation.

La charité n’est pas de l’angélisme. Pour être réelle et efficace, elle doit être totale, inclusive et non exclusive, pour reprendre une expression du pape François. Cependant inclusive ne signifie pas seulement ouvrir les bras, mais tenir compte aussi du bien de ceux qui ouvrent les bras. Exclusive suppose aussi de ne pas exclure le bien de ces derniers dans la réflexion.

Cela ne signifie pas fermer les portes et moins encore les cœurs face aux files d’être shumains et d’enfants couverts de neige, mais de le faire avec raison. La charité n’est pas une simple émotion passagère et les SDF de France qui gèlent depuis des années ont autant de droits humains que les migrants. La charité n’est pas sélective, mais elle n’est pas non plus une toupie aveugle qui voulant faire du bien à la main gauche oublie le bien de la main droite. Cette fausse charité est une spirale vicieuse infernale qui engendre le mal par de faux biens.

 

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