Au cours de la phase délicate que traverse actuellement la nation irakienne, face aux perspectives incertaines qui s’ouvriront après la libération totale de Mossoul du joug des milices djihadistes du prétendu « Etat islamique », les chrétiens sont appelés à manifester leur unité, y compris au plan opérationnel, non seulement pour protéger leurs prérogatives de composante nationale, mais également pour favoriser la réconciliation de tout le peuple irakien et éviter que l’imminente récupération des territoires encore aux mains des djihadistes ne déchaîne des poussées centrifuges et de nouvelles dérives sectaires.
Telle est la perspective indiquée par les Chefs des Eglises chrétiennes présentes dans la région et par de nombreux représentants politiques chrétiens œuvrant tant au Parlement national qu’au sein de celui de la Région autonome du Kurdistan irakien, qui se sont réunis hier, 3 novembre, à Ankawa – faubourg à majorité chrétienne d’Erbil – afin de réfléchir et d’élaborer des propositions relatives à l’avenir du pays après la libération de Mossoul.
A la rencontre ont participé, entre autres, le Patriarche de Babylone des Chaldéens, S.B. Louis Raphaël I Sako, le Patriarche Gewargis III Sliwa de l’Eglise assyrienne d’Orient, et Nicodemus Daoud Matti Sharaf, métropolite syro-orthodoxe de Mossoul. Il est important – indique le compte-rendu de la rencontre – que les chrétiens se montrent à la hauteur des responsabilités requises par le moment présent et expriment une position unitaire sur les problèmes et les urgences du moment notamment parce que, en ce qui concerne ce qui se passera après la libération de Mossoul, est déjà perceptible l’absence d’un projet politique clair et l’existence d’une pluralité de scénarios possibles.
Parmi les thèmes discutés au cours de la rencontre, cités dans le compte-rendu, est notée tout d’abord la possibilité, pour la composante chrétienne, de se mouvoir de manière unitaire sur la scène sociale et politique irakienne, en conservant l’identité de chacun des groupes mais en évitant que chaque Eglise et communauté – différenciables également selon des critères ethniques – ne poursuive chacune ses propres instances de manière isolée et surtout en évitant des intolérances réciproques, attendu que « notre force réside dans notre unité ».
C’est pourquoi les Chefs des Eglises et les hommes politiques chrétiens ont par ailleurs donné l’indication de s’abstenir de déclarations provocatrices et de critiques qui pourraient diviser dans les moyens de communication. Parmi les urgences à affronter, signalées avec force dans les interventions de nombreux participants, se trouve le besoin de lutter par tous les moyens légaux contre la modification des équilibres démographiques des zones libérées, en garantissant le retour des évacués et en prévoyant des mesures juridiques qui permettent aux communautés ethniques et religieuses de disposer d’un rôle dans la gestion politique et administrative des zones de peuplement dans le respect de la Constitution. Au cours de la réunion, a également émergé la proposition de créer une équipe de chrétiens compétents en matière de questions politiques, économiques et sociales, appelée à devenir un instrument opérationnel habilité à offrir aux institutions la contribution de propositions et de suggestions provenant des communautés chrétiennes en faveur du processus de réconciliation nationale.