Dans une longue interview accordée à la revue jésuite La Civiltà cattolica , le pape François aborde la question du cinquième centenaire de la Réforme protestante à laquelle il participe ces jours-ci.
Après avoir invité les catholiques à ne pas être sectaires, mais à une saine cohabitation, il répond à la question qui traverse les salons depuis quelques jours : qu’est-ce que la Réforme peut apporter aux catholiques ?
Pour le pape la Réforme peut apporter deux choses importantes aux catholiques. La capacité de réforme et la proximité à la parole de Dieu.
Reprenant l’expression classique, l’Eglise semper reformanda, le souverain pontife rappelle que l’Eglise comprend ce devoir de réforme. Reformanda signifie bien devant être réformée. Mais la réforme de l’Eglise n’est pas une refonte, elle est la conséquence de l’inculturation, de l’incarnation. A proprement parler, l’Eglise n’a pas attendu la Réforme pour se réformer, c’est une dynamique naturelle de celle-ci et le Concile de Trente, n’était pas un Concile de Contre Réforme, contrairement à ce que l’Histoire a retenu, mais bien un Concile ordinaire d’approfondissement et d’actualisation de la Révélation divine par l’Eglise. Si l’Histoire à cristallisé une Contre Réforme pour faire front à l’offensive protestante, la réalité montre que cette réforme était déjà bien en route avant la publication des thèses de Luther et qu’elle ne fait que suivre son court autour de cet axe saillant que fut la Réforme.
Réellement, la Réforme n’a pas apporté une réforme, mais une rupture qui doit nous servir d’expérience pour tenir cette exigence semper reformanda. Elle fut l’aiguillon pour pousser le venin hors du fruit dans certaines pratiques disciplinaires. Elle affûta également les arguments théologiques et permit la clarification de la doctrine avec des grands docteurs comme Bellarmin ou saint François de Sales. Reforme n’est pas refonte, ni rupture, mais pour reprendre le Commonitorium de saint Vincent de Lérins, le progrès est le développement de l’existant, tandis que le changement est rupture.
Deuxième apport des protestants, la proximité biblique et il est vrai que les Réformés, en exagérant le sola scriptura qui les a coupé de la Tradition, ont ouvert la voie à un accès biblique plus large, même s’il fallut attendre plusieurs siècles avant que les fidèles catholiques se lancent dans l’aventure biblique, parfois, en revanche à tort et à travers.
Car si pour les protestants seule l’Ecriture compte, pour les catholiques, l’Ecriture se comprend à la lumière d’une Tradition dont l’Eglise est garante et dépositaire.