Même s’ils sont encore insuffisants, les soins palliatifs s’améliorent. L’« Atlas National » publié par le Centre National sur les soins palliatifs et la fin de vie (CNSPFV), montre que 44% des patients décédés en 2016 ayant demandé des soins palliatifs y ont eu accès, contre 20% les années précédentes. Les hôpitaux disposant de lits « soins palliatifs » sont passés de 14 % en 2006 à 31 % en 2015, et le nombre d’unités de soins palliatifs a augmenté de 42 % sur la même période. Les équipes mobiles, quant à elles, quoiqu’insuffisantes, sont en « réelle amélioration », selon Véronique Fournier, qui préside le CNSPFV. Dernier point : à partir de 2018 tous les étudiants en médecine (et infirmiers, kinés…) devront, dans le cadre d’un plan triennal (2015-1018) lancé il y a deux ans, effectuer un stage obligatoire en soins palliatifs.
Une évolution jugée trop timide par les acteurs du secteur : Alain Derniaux, vice-président de la Sfap[1] déplore des progrès « en dents de scie » et de sévères coupes dans les budgets. La France est en retard sur ses voisins européens avec 2,6 patients sur 100 en USP (Unité de Soins Palliatifs) contre 3,4 en Belgique et 4,5 en Grande-Bretagne. La prise en charge des patients en EPHAD et à domicile est encore beaucoup trop difficile, faute de moyens. Par exemple, « la mise en œuvre d’une des innovations de la loi de 2016, la ‘sédation profonde et continue jusqu’au décès’[2], ne (…) semble pas applicable au domicile des patients », selon Marie-Dominique Trébuchet, bénévole depuis longtemps et vice-présidente de la Sfap.
Il faudrait opérer un changement des regards sur les soins palliatifs, comme le souligne un médecin de secteur : « On identifie encore trop souvent les lieux de soins palliatifs à des mouroirs, alors que des patients peuvent vivre mieux et plus longtemps s’ils bénéficient d’une démarche palliative au bon moment ». Il faudrait donc peut-être commencer par opérer un changement des regards sur les soins palliatifs.
[1] Société Française d’Accompagnement et de soins Palliatifs.
[2] Cf. [Entretien E.Hirsch] La “mort par sédation” ou le reniement de nos “devoirs d’humanité”