Par F.-X. Esponde
Une enquête d’Eurostat rendue publique récemment donne une carte chiffrée intéressante de l’age auquel les jeunes européens prennent leur autonomie familiale pour construire leur avenir.
1 – Les différences notables entre le nord de l’europe et le sud des pays de l’Union démontrent les disparités existantes.
En Espagne on quitte à 28,9 ans le domicile familial, et 8 sur 10 des jeunes adultes de cet age vivent chez leurs parents jusqu’à 30 ans et pour un quart suivant de 30 à 34 ans.
En Europe la moyenne donne 26,1 ans.
La Suède fait exception à 19,6 ans, au Danemark à 21 ans, en Finlande 21,9 ans comparativement à l’Espagne.
Cette courbe de la durée accrue du séjour en famille avait déjà commencé en 1980, connut des évolutions puis la crise économique s’ajoutant, le nombre des jeunes résidant chez leurs parents n’a cessé de croître ces dernières années.
2 – Le manque de travail, le chômage des jeunes jusqu’à 24 ans élevé en Espagne, les difficultés de logements et le manque de parc social, le bien être familial et le peu de bourses pour aider les jeunes dans leur quête et formation professionnelle, n’ont cessé d’augmenter le nombre des trentenaires vivant dans le foyer des parents dans tout le pays.
3 – L’Espagne ne dispose que de 1,1 % de logements sociaux face aux Pays Bas qui atteignent 32 % des disponibilités dans ce sens, l’Autriche 23 %, le Royaume Uni 18 %.
Pour un salaire mensuel de 600 euros un jeune Espagnol ne pouvant accéder à un loyer de 650 euros mensuel, la solution durable est de se maintenir à la maison familiale le plus longtemps possible.
Ainsi donc 21,8 % à peine des jeunes de ces années 20-30 ans se sont émancipés de cette situation familiale qui les préserve en attendant.
Si le parc résidentiel locatif européen atteint 38 %, l’Espagne est à 20 points de moins aujourd’hui.
Dans les années 50 et suivantes jusqu’à 60, il y avait beaucoup de résidences locatives dans le pays ; dans les années 70 une politique à la construction et des aides publiques permirent à des centaines de milliers d’Espagnols de devenir propriétaires de leur maison.
4 – La crise économique ayant changé la donne, la tendance actuelle revient vers le parc locatif plus partagé par le plus grand nombre.
5 – La démographie reste un autre sujet sensible pour le pays avec 1,3 enfant par couple, l’une des moyennes les plus basses de l’Europe, le retard pour prendre son autonomie familiale, les problèmes de travail en sus, les Espagnols tardent à infléchir leurs habitudes et particulièrement chez les jeunes où le travail temporaire et le manque de travail réel ne rendent pas l’autonomie possible ou envisageable.
6 – En regardant la carte des Pays Européens, on note les moyennes des âges de la jeunesse à l’heure de s’émanciper de leurs parents.
En Suède, au Danemark, au Luxembourg, autour de 21 ans,
en Finlande, en Estonie, en Belgique autour de 22 ans,
en Hollande, en Allemagne, en France autour de 23/24 ans,
Au Royaume Uni, en Autriche et en Lituanie autour de 24/25 ans,
La moyenne pour l’Union européenne étant de 28 ans, on trouve en Irlande et en Tchéquie 26 ans,
en Lituanie, à Chypre et en Hongrie 27 ans,
En Pologne, en Roumanie et en Slovaquie, 27 / 28 ans
En Bulgarie, au Portugal et en Espagne, 28/29 ans,
En Grèce, en Italie et en Tchécoslovaquie, 29/30ans,
En Croatie et Malte enfin 31/32 ans.
Le nord de l’europe marque une précocité de dix ans sur le sud pour la même tranche de population concernée par le sujet.
Les analystes ajoutent le terreau socio culturel et religieux catholique des pays du sud pourrait expliquer les raisons de ce lien intrinsèque avec la famille originelle.
D’autres préconisent une explication somme toute plus ponctuelle aux conditions économiques actuelles.
La grande maison commune européenne est ainsi portée par des traditions différentes, qu’il est difficile de ne pas observer dans le contexte présent de la famille qui reste une bastide protégée pour les enfants et les adultes confrontés aux duretés réelles de la vie !
Source: France catholique