Lors de ses vœux 2018 aux autorités, Mgr Le Saux, évêque du Mans, a déclaré :
“L’Eglise se préoccupe des questions de société, et particulièrement dans les mois qui viennent avec la révision des lois sur la fin de vie, sur la PMA (procréation médicalement assistée), la GPA (gestation pour autrui). Le président de la République a lui-même affirmé « il conviendra de donner le temps d’un vrai débat philosophique avant de légiférer. » L’Eglise va participer à ce débat. Le danger est de traiter ces questions dont les enjeux humains sont considérables comme s’il n’existait pas d’enjeux. Il ne s’agit pas seulement d’un débat d’opinion. L’enfant est-il un objet qui doit satisfaire un désir ou un besoin ou une personne qui a des droits ? Un enfant peut-il vivre sans avoir de références parentales, même symboliques, sans connaître ses racines ? Sans savoir d’où il vient ? Nous souhaitons inviter nos contemporains à s’interroger sur la finalité de la vie. Sur son sens. Sur ce qu’ils cherchent et pourquoi ils le cherchent.
Nous voulons aussi travailler à la juste conception de la laïcité. Vous le savez, la laïcité est en réalité le respect de la liberté religieuse. Le droit de croire ou de ne pas croire, le respect de la liberté de conscience. Mais la recherche religieuse, l’aspiration à la transcendance, le questionnement sur la mort et sur le sens de la vie sont constitutifs de la personne humaine. « Il serait mortel de comprimer les aspirations religieuses de l’âme humaine. » Jaurès, cité par Monsieur Macron. Je partage avec beaucoup l’idée que l’état est laïc et que la société ne l’est pas.
La société est aussi traversée par la question des phénomènes migratoires d’une grande ampleur et cela dans le monde entier. L’Eglise est consciente et lucide de la complexité de ces questions. Elle sait qu’une large part de la solution se trouve dans la « conversion » des autorités locales des pays d’origine des migrants. Mais nous recevons le phénomène comme un « signe des temps » et donc aussi comme une chance. En tous cas nous ne pouvons pas ne pas tenter d’être fidèles à l’Ecriture qui est au cœur de nos vies : « L’émigré qui réside avec vous sera parmi vous comme un compatriote et tu l’aimeras comme toi-même car vous même avez été émigrés au pays d’Egypte. (Lévitique 19, 34).
Pour conclure je vous partage encore trois préoccupations :
Les jeunes, bien sûr, restent une priorité. Et nous avons une équipe de la pastorale des jeunes dynamique. Le prochain synode des évêques à Rome sera sur « la jeunesse, la foi et le discernement vocationnel. » Les jeunes ont besoin d’idéal, de raisons de donner leur vie.
Je pense aussi au réseau des écoles de l’enseignement catholique – 20 000 jeunes accueillis – s’ajoute à cela le contact avec leurs familles. L’enseignement catholique est confronté à des défis financiers importants, à des possibilités d’accueillir de plus en plus réduites alors que le nombre de demandes de scolarité est de plus en plus important. Nous nous préoccupons de la présence de petites écoles dans le rural, ou de l’accès aux enfants en difficulté.
Vous savez aussi que le nombre de personnes en situation précaire augmente. Les migrants qui se retrouvent dans la rue dans la journée, les jeunes désocialisés… Nous avons le projet d’un lieu d’accueil et quelques idées pour aller plus loin dans la proposition en direction des plus démunis. J’espère pouvoir vous en dire plus dans un an. Je pense aussi au monde agricole, en grande souffrance. Nous avons initié, il y a plus d’un an, des rencontres autour de la situation du monde agricole, des réunions ont eu lieu dans plusieurs paroisses, nous allons continuer. Pour pouvoir donner un écho aux préoccupations des agriculteurs.”