Le désarroi de notre société actuelle, la perte d’identification de ce qui fait le bonheur de l’Homme, démultiplient les besoins compensatoires et l’on cherche toujours plus à combler un vide existentiel, par une accumulation d’avoir. Cette destructuration intérieure de l’Homme est un formidable dopant pour la croissance de la consommation. C’est même le moteur de notre société de consommation.
Il est étrange que des partis ou mouvements politiques qui cherchent à défendre les plus faibles ne voient pas comment et combien leur idéologie, sous couvert de progrès et de libération de l’Homme, hypothèque gravement son bonheur. Car défigurer le visage de l’Homme, c’est le condamner à ne plus se reconnaître lui-même et donc à ne plus se connaître. Or Socrate ne pose-t-il pas comme préalable à toute quête humaine, le « Connais-toi toi-même » ? Comment l’Homme d’aujourd’hui peut-il se reconnaître dans l’être lacéré de toutes parts qu’on lui présente comme étant lui ?
Dénaturer l’Homme dans sa sexualité, dans sa filiation, dans sa paternité, dans son altérité, dans son origine, c’est le condamner à l’exil. L’Homme d’aujourd’hui est un exilé dans son propre être, un étranger dans sa propre chair. Toutes les mesures que souhaite prendre le gouvernement hypothèquent gravement ce bonheur. De la conception à la mort, en passant par l’intimité de la vie quotidienne ou la construction de son identité, il n’est pas un moment de la vie, pas un instant du développement de l’être humain qui ne soit compromis sérieusement.
Concrètement, les lois sur l’embryon et les projets de loi sur l’euthanasie, la GPA et autres innovations, compromettent la dignité la plus fondamentale de l’Homme, car l’être humain court le risque de ne plus être ce sanctuaire inviolable. Or cette inviolabilité est un gage de stabilité et de paix. Combien sont désormais affolés par leur fin de vie, ont peur d’aller à l’hôpital car ils sentent désormais une angoissante épée de Damoclès sur leur propre survie ?
Quant au mariage, à l’identité sexuelle ou à l’éducation des enfants, ce sont autant de « réformes » qui destructurent l’équilibre et donc la construction même de la personne. C’est là plus que nulle-part ailleurs, dans ce sillon que se creuse la quête existentielle du bonheur. Tromper l’Homme sur la réalité profonde de son être, par un relativisme de confort, c’est lui interdire toute possibilité d’entreprendre, en vérité et en liberté, cette quête du bonheur. C’est l’orienter vers la recherche vaine d’un faux-semblant qui ne débouchera que sur cette course effrénée aux plaisirs compensatoires.
Les différents projets de lois sont donc une véritable menace, une hypothèque lourde, véritable épée de Damoclès dont l’un des effets, non négligeable sera de plonger notre pays dans une véritable dépression morale et au-delà économique, l’un n’allant pas sans l’autre.
Cyril Brun, rédacteur en chef