Un sondage publié par Le Figaro révèle une chute très importante de la cote de popularité du pape chez les fidèles catholiques, pratiquants réguliers ou occasionnels. S’il est surprenant de mesurer la cote du souverain pontife comme on mesure celle d’une star ou d’un responsable politique, cela révèle au moins deux travers dans lesquelles l’Eglise s’est laisser entraîner. D’une part la médiatisation d’un pape super star voire superman, que ce soit l’actuel successeur de Pierre ou ses prédécesseurs récents, traduit un rapport affectif au contenu de la foi. On s’attache à un pape plus pour son charisme que pour sa place de vicaire du Christ, entrainant ainsi le monde catholique dans une vague de confusion et de relativisme très émotionnel. Et ainsi on en vient à aduler le pape François pourtant réputé caractériel et autoritaire et à conspuer Benoît XVI unanimement reconnu pour sa douceur, sa bonté et son humilité. Mais le message véhiculé par l’actuel souverain pontife semble plus médiatiquement correct. Et c’est le second travers, même dans l’Eglise, ce sont les médias qui font et défont les popularités. Le message de l’Eglise est relatif. L’usage qu’Europe1 fait de ce sondage est du reste très éclairant. Pour la radio française, le pape est « adoré des fidèles », mais les gros méchants sont la Curie et les évêques conservateurs qui empêchent la réforme de l’Eglise voulue par le pape. Les médias ont construit de toute pièce l’image d’un pape de gauche, moderniste et réformateur, au point d’utiliser cette création médiatique pour parvenir à leur fin qui n’est autre que de balayer les catholiques encore fidèles au magistère traditionnel de l’Eglise, lequel, on ne sait trop pourquoi, semble encore déranger la bonne pensée.
Pourtant, la réalité est tout autre et ce sondage n’est pas vraiment une surprise. Que le pape soit populaire auprès des non catholiques et notamment des idéologies modernistes est un fait tout à fait compréhensible dans la mesure où chacun est enclin à tirer des messages pontificaux ce qui lui permet de s’auto rassurer. Car en réalité ce pape populaire est pourtant viscéralement opposé aux questions qui chatouillent de près cette frange de la population, à savoir le respect de la vie. Mais cela est soigneusement occulté. En revanche, la réalité, ce sont les discussions de salons où de plus en en plus les fidèles pratiquants avouent leur incompréhension quant aux prises de positions considérées par certains comme hérétiques et par d’autres confuses. Les discussions privées, comme les réseaux sociaux sont de plus en plus désabusés voire virulents à l’encontre du pape François. Rome enregistre une baisse importante de sa fréquentation et les angelus sont de plus en plus clairsemés.
Ainsi, la tentative d’idolâtrie médiatique révèle son échec. Un pape créé de toute pièce est vendu aux non croyants pour accréditer l’idée d’un tournant dans l’Eglise, un tournant qui ouvrirait au monde les vannes de la liberté (entendons sexuelle car tel est le fond du problème). Une arnaque médiatique visant à déstabiliser les plus fragiles dans leur foi. Mais cette tentative a son effet boomerang et les catholiques, dont on s’aperçoit que la conscience est plus formée qu’on ne le dit, n’adhèrent pas à ce pape monté en mayonnaise par les médias. Plus impressionnant, les confusions du pape sur la morale, la famille, l’identité chrétienne, l’immigration ont créé une véritable défiance chez toute une partie des fidèles, fissurant un peu plus l’unité de l’Eglise. Le doute crée une instabilité profonde qui parfois vire à la défiance et à la violence. Nous appelons depuis des mois à une clarification des positions du Saint-Père et ce d’autant plus que sortir de la confusion les fidèles fait partie intégrante de son ministère. Plus qu’une surprise donc, ce sondage fait sortir de la clandestinité le malaise grandissant entre les fidèles les plus attachés au magistère et au pape et … le pape lui-même. Prémices malheureuse à une nouvelle rupture entre catholiques. Prémices que l’affaire du MRJC ne fait qu’inaugurer.
Cyril Brun, rédacteur en chef