La pornographie n’est pas un mal contemporain, né de la perversion d’une société post chrétienne. De tous temps la nudité et la sensualité érotique ont provoqué chez l’homme comme chez la femme des désirs, des tentations et des névroses. Mais peut-être la pornographie est-elle le mal du siècle passé, contaminant encore notre siècle présent. Peut-être, même pouvons-nous aller jusqu’à dire que la pornographie est devenue une maladie socialement transmissible. On comprendra toute la gangrène que contient en germe ce mal à la simple considération de son étymologie, Pornê, signifiant en grec « prostituée ». Il s’agit bien de vendre (quelque soit la monnaie d’échange) l’usage du corps à des fins de plaisir sexuel. Un usage consommable que l’on s’offre. Il y a donc dans la pornographie une satisfaction egocentrique qui, d’une part, renferme sur soi et, d‘autre part, ne considère l’autre que par l’usage potentiel qu’il représente. Mais la pornographie joue sur des zones affectives et psychologiques extrêmement frêles et fragiles. L’image vue et obsédante renvoie à plusieurs sensations allant de la puissance à l’autodestruction, en passant par tous les phénomènes compensatoires. Toutes les études montrent les revers dramatiques de la pornographie qui crée une dépendance violente et aveuglante, comme toute drogue. Mais la pornographie à ceci de particulier qu’elle s’auto-alimente facilement. Un rien suffit pour remplir son office sur l’esprit dépendant. Une cheville à peine découverte et tout le système fantasmagorique et pulsionnel se met en branle. La dépendance conduit à un aveuglement violent et un besoin sans cesse grandissant de satisfaction immédiate, générant toutes les névroses de l’impatience, de l’autoritarisme et de la peur du manque. Nous constatons expérimentalement et à l’échelle de toute une société combien la morale chrétienne, par la pratique de la vertu est libératrice, quand l’absence de toute digue enchaîne l’intelligence et la volonté sous la coupe du vice. La pornographie n’est pas un mal parce qu’elle est contraire à la morale, mais parce que, contrairement à la morale, elle conduit à l’avilissement de l’Homme. Toute la morale catholique vise à la liberté. Une liberté qui, comme le dit Aristote, passe par l’acquisition de la vertu, elle-même s’acquérant par la répétition d’actes vertueux. A quoi, dans ce cas précis, s’ajoute le nécessaire sevrage, lequel rend fou de rage celui qui, dans la dépendance, est obnubilé par la peur du manque. Ici se cumulent deux travers dont la rencontre plonge le monde moderne dans le chaos actuel. La pornographie crée non seulement une dépendance, mais aussi une exigence d’immédiateté, de sorte qu’il faut au malade à tout moment pouvoir avoir accès à sa drogue. La morale devient alors l’obstacle honni, la douve terrifiante qui se dresse entre lui et son plaisir. Ainsi, plus le monde s’est enfoncé dans la pornographie, plus il a gagné des adeptes et plus il lui faut multiplier les points de recharge de leur pulsion. Dès lors, la pornographie envahit l’espace privé et public faisant sauter les digues de l’âge, de la famille et du genre. N’est-il pas surprenant que les derniers gouvernements se soient autant ingéniés à promouvoir le sexe ? Dans ce contexte, l’Eglise représente l’ultime rempart inquiétant entre la bête hagard et l’objet de sa jouissance. La pornographie est devenue une hydre incontrôlable dont les profiteurs, s’ils refusent de voir les effets sur eux, constatent, malgré tout, les conséquences sociales (viols, agressions sexuelles, avilissement de la femme…). Alors que faire face à ce « tsunami pornographique » ? Surtout ne pas lâcher les digues de l’exigence. Ce n’est pas la morale qui crée des névroses, mais les dépendances et autre blessures psychologiques et sexuelles. La beauté de la pureté élève l’âme quand la pornographie la tue.
Liberté politique, très investi dans ce combat, organise des Assises de la pornographies, le 6 octobre 2018. Engagé dans cette lutte mortifère, InfoCatho ne peut qu’encourager ces lecteurs à une prise de conscience en vue de l’action.
Pour aller plus loin – Sortir de la pornographie – Lutter contre la pornographie