Il y a quelques années, un curé de Corrèze disait à ses paroissiens : « lorsque je vous vois, je comprends la tristesse de ma sœur avec son collier de perles. En effet petit, je m’amusais à casser son collier de perles et elles s’éparpillaient sur le sol. Cela me faisait beaucoup rire, mais elle pleurait autant que je riais. Quand je vous vois à la sortie de la messe, je comprends la tristesse de ma sœur. »
Nous venons de sortir d’une grande semaine de mission, une semaine qui nous a conduit ad extra à la rencontre des périphéries. Cela nous a du reste souvent galvanisé, rasséréné. Et voilà revenu le temps « ordinaire ». Ce temps où chacun après la messe part au plus pressé, oubliant la vie de la paroisse, ou tout simplement les isolés de la paroisse. Combien il nous est plus facile de sauver les petits chinois au loin que de secourir une personne âgée, une famille en difficulté, là, sous nos yeux, dans notre propre communauté, notre famille. Souvent, les catholiques venus d’autres continents, sont frappés par la faiblesse du lien familial qui unit les enfants d’un même Père en Europe. Plus souvent encore, cette froideur communautaire, qui parfois vire à l’indifférence, est invoquée comme cause par certains catholiques pour rejoindre les groupes évangéliques. Et combien de curés se désolent du paroissien consommateur qui a tant d’excuses pour ne pas vivre avec la communauté. Le modèle des premières communautés apostoliques est bien loin et parfois nous nous demandons si nous sommes les pierres d’une même cathédrale, ou de simples parpaings entassés. Pourtant, les périphéries ne vivront que d’un cœur qui bat. C’est du reste ce que constate les paroissiens qui unis dans l’adoration, nourrissent également une ferveur communautaire, ouverte sur le monde.
Cyril Brun,
Rédacteur en chef