Voici donc revenue la journée de la femme, perdue désormais au milieu de 365 autres journées commémoratives. Pourtant, si bien des journées passent inaperçues, au point qu’on se demande vraiment l’intérêt de cette surenchère, la journée de la femme, elle, est fortement relayée dans les médias. On pourrait, du reste se demander pourquoi cette journée suscite tant d’engouement dans la classe médiatico-politique. Car, ne nous leurrons pas, c’est bien cette caste qui fait le succès de telle ou telle journée. La genèse de cette journée est à elle seule tout un enseignement. C’est aux USA, que nait la première journée, instaurée par le parti socialiste en 1909. Très vite, l’internationale socialiste la reprend à son compte, avec le succès que l’on sait. En France, contrairement à l’histoire totalement inventée de 1857, c’est en réalité dans la mouvance de la CGT qu’émerge cette journée reprise en main par les femmes travailleuses. Ainsi donc, quels qu’aient pu être par la suite les fruits (bons et mauvais) nés de cette initiative socialiste, la journée de la femme est génétiquement marquée par la conception marxiste de la lutte. Il ne s’agit pas de libérer la femme d’un carcan qui, par certains égards, portait atteinte et à son épanouissement et à sa dignité humaine, mais d’une émancipation conflictuelle. De là naquit une confrontation dans laquelle l’homme était un méchant à abattre et non un vis-à-vis avec qui construire et se construire. Au contraire, dans l’idée marxiste de la femme libre, se construire était forcément en rivalité avec l’homme. Malgré elles, les femmes se sont donc trouvées instrumentalisées dans la lutte des classes, dans la luttes des sexes. Et finalement cette liberté, paravent utile d’une déconstruction sociale, a peu à peu chosifié la femme. Sous couvert de liberté, on lui fait vendre son corps, on la réduit à un objet de désir sexuel et peu à peu on lui interdit toute féminité au nom d’une égalité qui se trompe de comparaison. Sans s’en rendre compte, on créé une dualité dans la personne humaine. Alors que c’est dans leur humanité (et donc leur dignité) que l’homme et la femme sont égaux, on a fini par nier la commune humanité en spécifiant les droits de l’Homme et les droits de la femme (puis les droits de l’enfants). Oubliant que ces droits sont communs à l’humanité, on a créé entre eux des conflits (droit de disposer de son corps, droits de l’enfant, droit à l’enfant) et finalement ce sont trois entités déchirées, homme, femme, enfant, qu’on met face à face. Cette impasse, difficilement tenable, nourrit de ce fait un troisième phénomène, le gender. Pour retrouver une communauté humaine, on nie la distinction sexuelle et donc ses spécificités propres. Cependant, si l’homme est fortement affecté dans sa masculinité, la femme a peut-être encore bien plus perdu. Car si l’homme est tenu en laisse de plus en plus et prié de refouler sa spécificité masculine, il n’est pas chosifié par la société. S’il peut vendre son sperme, il n’est pas pressé de louer son corps et ce n’est pas lui qu’on exhibe nu à longueur de panneaux publicitaires.
Finalement de la femme infantilisée à la femme chosifiée, la liberté et l’égalité ne semblent avoir été qu’une éphémère illusion.
Cyril Brun, rédacteur en chef.