Combattre les fake news est devenu le dernier chic à la mode. Pourtant, les fausses nouvelles ne datent pas de la trêve des confiseurs 2017. Outre le fait qu’il pourrait bien y avoir une récupération politique à des fins liberticides, il n’est pas impossible que cette nouvelle lubie soit l’avatar ultime de la peur du silence qui impose, par nature, de se confronter au réel que le bruit cherche bien souvent à masquer. Notre monde, c’est indéniable a un très gros problème avec la vérité. Elle lui fait peur, elle le dérange, parce que, par une de ces bizarreries de l’esprit humain, la vérité apparait comme dangereuse pour son bonheur. Ce qui sous-entend que l’homme cherche son bonheur ailleurs dans le réel, puisqu’il préfère nier le lien entre vérité et bonheur. De là a construire un monde et un homme virtuels, il n’y a qu’un pas que plus aucune digue ne retient de nos jours. Ce que le cardinal Sarah exprime en ces termes dans son livre sur le silence (n 74) « Dans ce théâtre d’ombres, il ne reste qu’une blessure purulente de mots mécaniques, sans relief, sans vérité, sans fondement. Bien souvent la vérité n’est plus qu’une pure et fallacieuse création médiatique corroborée par des images et des témoignages fabriqués. Dès lors, la parole de Dieu s’efface, inaccessible et inaudible. (…) Le bruit veut empêcher Dieu Lui-même de parler. Dans cet enfer du bruit, l’homme se désagrège et se perd ; il est morcelé en autant d’inquiétudes, de fantasmes et de peurs. » N’avons-nous pas ici une formidable analyse de la fake news ? A ceci près cependant, que pour la doxa moderne, une fake news est d’abord ce qui ne correspond pas à cette vérité créée dont parle le cardinal Sarah.
Et pourtant, dans ce brouhaha mensonger, il nous appartient non seulement de faire entendre, mais de rendre audible la parole de Vérité qu’est le Christ. Tâche difficile dans un monde où tout est relativisé et où le syndrome de la fake news rend toute vérité suspecte. Tâche titanesque quand on considère la distance qui chaque jour s’accroît entre le monde virtuel imposé par les medias, les politiques et d’autres intérêts financiers ou idéologiques et la vérité pourtant intangible qui, elle ne peut pas ne pas être. Mais le Christ envoie ses disciples porter la Parole, c’est-à-dire Lui-même. Alors, semons, aplanissons les routes, prions, défendons la vérité et non une vérité revisitée et … à la grâce de Dieu.
Cyril Brun, rédacteur en chef.