L’édito – Pour le catholique se former est la plus grande preuve d’amour

L’édito – Pour le catholique se former est la plus grande preuve d’amour

Dans la polémique qui a entouré la déclaration du MRJC appelant à ne pas soutenir la Marche pour la vie, la conclusion (sans doute) provisoire de cet écart de langage, renvoie à une question bien plus profonde source de toutes les confusions actuelles. En revenant sur sa déclaration pro avortement, le mouvement a reconnu son manque de formation. Tel est le fond du problème, les catholiques dans leur grande majorité, ne sont plus capable d’honorer la demande de l’apôtre Pierre en rendant compte de leur foi. Pourtant, avancer vers Dieu suppose de Le chercher et on Le cherche, non pas intuitivement, mais dans la carte d’Etat-major qu’il nous a livré Lui-même en son Fils, chemin, vérité et vie. Aller vers Dieu n’est pas une simple émotion affective, mais l’adhésion à une personne. Adhésion de la volonté, c’est-à-dire de l’amour, mais aussi de l’intelligence, car seule l’intelligence a pour objet la vérité. Ce qui signifie que si notre intelligence ne part pas à la recherche de la vérité, notre volonté ne peut aimer la vérité et ainsi se tournera vers un dieu imaginé ou reconstitué par l’affectif, ce qui veut dire, au fond, que l’amour portera, non pas sur Dieu, mais sur nos propres désirs plaqués sur Dieu, ainsi défiguré.

Ainsi, nous pouvons nous créer un dieu sur mesure et alors inverser la réalité même de la création, faisant Dieu à notre image, là où nous sommes faits à Son image. De là à nous aimer, voire nous adorer nous-même, il n’y a pas même un pas.  Un pas qu’au lieu de faire dans la direction de Dieu, nous faisons en notre propre direction, nous exilant, pensant avancer vers Lui. Tel est le subterfuge du Malin. Constat douloureux de Dieu Lui-même « Mon peuple périt faute de connaissance » (Odée,4,6).

Il ne s’agit pas de minimiser les bonnes intentions, mais de les orienter vers le Bien. Il ne s’agit pas de culpabiliser sous une avalanche de préceptes peccamineux, mais de trouver le chemin du bonheur. Un bonheur absolu au Ciel, mais déjà un bonheur profond et en construction ici-bas. Il ne s’agit pas de gnoser en faisant de l’intelligence la voie du salut, mais de nourrir le chemin de l’amour authentique.  Il ne s’agit pas de faire des catholiques un peuple d’intellectuels qui excluraient les simples, comme le transhumanisme veut éradiquer les petits QI, mais bien au contraire un peuple de sages. Or nous le savons, le sage n’est pas un érudit, compilant en sa mémoire la bibliothèque d’Alexandrie. Le sage est un chercheur de vérité, nous rappelle le dialogue entre Dieu et Salomon. Que demande le fils de David, en lieu et place de la richesse et de la gloire ? Un cœur qui écoute. Or Dieu lui répond « puisque tu as demandé la sagesse…. » La sagesse est donc un cœur qui écoute, c’est-à-dire qui observe, contemple et se laisse rejoindre par la vérité. Méthode réaliste qu’enseigne Aristote, nous permettant de mieux comprendre pourquoi en grec vérité se dit (notamment) aleteia, « dévoilement ». La vérité se reçoit pour peu qu’on la recherche. Et dans le cas de Dieu c’est aussi une rencontre, déroutante peut-être, exigeante assurément. Voilà pourquoi se former est non négociable pour le catholique. C’est même une preuve d’amour. La plus grande peut-être parce qu’au fond, elle exige de passer du temps avec celui que notre cœur aime (Cantique des cantiques). Car se former en vérité c’est contempler et contempler Dieu c’est entretenir avec Lui une intimité amoureuse de don réciproque. De ce don seul peut jaillir en nous la parole du Christ au Père, « non pas ma volonté, mais ta volonté ». (Lc 22,42)

Cyril Brun, rédacteur en chef

 

Voir aussi, un catholique qui ne se forme pas est un condamné à mort

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